Voici le tome 1 tant attendu, et bizarrement édité après le tome 2, de l’anthologie de films Hammer proposée par Tamasa. Ce coffret réunit sept titres, pour la plupart majeurs, produits par la compagnie britannique spécialisée dans l’horreur et le fantastique dans les années 60. On y retrouve des films signés des réalisateurs phares de la Hammer, Terence Fisher (Dracula prince des ténèbres, Frankenstein créa la femme, Les Vierges de Satan) et John Gilling (La Femme reptile, L’Invasion des morts vivants, Dans les griffes de la momie) plus un opus de Don Sharp où un sujet historique est traité comme un film fantastique (Raspoutine le moine fou). Sous-titré avec raison « L’âge d’or de la Hammer », ce nouveau coffret propose plusieurs déclinaisons des mythes du fantastique déjà illustrés par le studio (Dracula, Frankenstein, la momie) ainsi que des œuvres aux sujets et aux personnages originaux (Raspoutine, la femme reptile et les zombies de John Gilling, les satanistes du roman de Dennis Weathler adapté par Richard Matheson). Ces productions viennent nous rappeler que la Hammer et ses meilleurs artisans étaient capables, malgré des budgets serrés et des décors identiques utilisés tournages après tournages, de procurer aux spectateurs leur ration d’émotions fortes et de scènes choc, mais aussi d’émoi esthétique – les films sont visuellement splendides. La Hammer ne se contentait pas de fournir jets d’hémoglobine et généreuses poitrines féminines offertes au public des salles populaires. Au-delà de leur poésie morbide, ces films possèdent des scénarios intelligents, et font souvent preuve d’un certain progressisme politique au sein d’un genre souvent taxé de réactionnaire. C’est le cas par exemple de La Femme reptile (The Reptile, 1966), sans aucun doute l’un des meilleurs films produits par la Hammer, et aussi l’un de ses plus beaux monstres. Il n’est pas réalisé par Terence Fisher mais John Gilling, bon cinéaste auquel on doit quelques autres belles réussites comme L’Impasse aux violences (qui n’a pas été produit par la Hammer mais par le duo Baker/Berman) ou L’Invasion des morts vivants qui est un film jumeau de La Femme reptile. Le scénario est signé Anthony Hinds, producteur et scénariste responsable des principaux classiques mis en chantier par le studio britannique. La Femme reptile se caractérise par sa violence et son pessimisme. Moins flamboyant que les Frankenstein ou les Dracula de Fisher, son atmosphère sinistre colle au tragique destin de ses personnages. L’histoire est celle d’une malédiction rapportée d’Inde dans un petit cottage anglais, ce qui donne au film une dimension politique et anticolonialiste sous-jacente.
Comme le tome 2, ce coffret combo DVD/BR contient un livret, des cartes postales qui reproduisent les affiches originales des films… et surtout les présentations passionnées et érudites de Nicolas Stanzick, incontournable et intarissable spécialiste français de la Hammer. Il est rejoint par une autre grande connaisseuse du cinéma fantastique, l’universitaire et essayiste Mélanie Boissoneau qui analyse une séquence de chaque film avec pertinence et humour.
Je trouve que c’est une occasion manquée de dresser un vrai inventaire des productions de la Hammer.
C’est toujours le problème des coffrets et de la sélection de films qu’ils rassemblent. Ça part dans toutes les directions: On choisit un genre , on choisit un acteur, un cinéaste, très rarement une actrice, parfois un thème et on se retrouve avec des best-of éminemment subjectifs quand ils ne sont pas simplement racoleurs. De plus, cette absence de rigueur, ces fils rouges vagues amènent de nombreuses redites, des coffrets dont les films se recouvrent.
Ici, ce qui frappe, c’est l’absence de chronologie: je suis très fan des films de la Hammer qui ont bercé mon adolescence avide d’atmosphères morbides, et j’aurais tellement aimé que le premier coffret qui ose s’intituler « Hammer Tome1 » commence par Frankenstein s’est échappé et aligne les films suivants dans l’ordre.
Ou bien ce coffret dont je rêve ne doit pas exister et plus logiquement encore, on s’attache aux séries qu’on couvre intégralement: Frankenstein, Dracula, Quatermass, Robin des Bois (n’oublions pas celui-là)!
Bref, à nouveau une déception!
c’est vrai que les films Hammer sont pour la plupart disponibles en support physique, mais dans le plus grand désordre : il faudrait au moins un coffret Dracula et un coffret Frankenstein… pour apprécier l’évolution de la firme et le traitement de ces deux mythes par des réalisateurs différents ou par le même réalisateur à des étapes différentes de sa carrière (les Frankenstein signés Terence Fisher)