Olivier Père

Cycle Lars von Trier sur ARTE

Lars von Trier compte parmi les grands cinéastes apparus dans la seconde moitié du XXème siècle, et dont l’œuvre s’est déployée sur les écrans jusqu’à aujourd’hui. De Element of Crime à The House That Jack Built, Lars von Trier a emprunté les multiples chemins d’une filmographie aussi éclectique dans ses formes que puissamment cohérente sur le fond. Il est le champion des métamorphoses et de l’invention des formes, passant sans transition d’un maniérisme virtuose (The Element of Crime, Epidemic, Europa, trilogie sur une Europe hantée par les fantômes du nazisme, emplie de références aux maîtres Lang, Welles, Dreyer et Tarkovski) à l’émotion exacerbée du mélodrame (Breaking the Waves et Dancer in the Dark), du dépouillement distancé (le théâtre brechtien de Dogville et sa suite Manderlay, tournés sur des grands plateaux avec des décors minimalistes ; l’automavision, procédé qui limite l’influence humaine lors des prises de vues, puisque la place de la caméra est décidée par un ordinateur du Direktør), à une violence extrême teintée d’humour noir (The House That Jack Built, dérangeant autoportrait du metteur en scène en tueur en série). Son immense talent pour diriger les acteurs, et surtout les actrices, s’affirme très vite. A partir de Breaking the Waves, elles deviennent le centre névralgique de ses films. Il a offert à Emily Watson, Björk ou Nicole Kidman – ainsi qu’à Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg dans son chef-d’œuvre Melancholia des rôles inoubliables.  

Comme Bergman, il est obsédé par le Mal, du point de vue tant métaphysique qu’historique. La violence de ses derniers films a fait scandale, mais il y tente d’approcher au plus près la part sombre de l’âme humaine, à l’image des visions infernales d’un Dante ou d’un Jérôme Bosch. Si ses films comportent une part de cruauté, voire de sadisme, cela ne relève en rien d’une provocation gratuite, plutôt d’une forme de dolorisme. Lars von Trier souffre et vit intensément avec ses personnages. Au même titre que la souffrance, l’amour est une des matières premières de son cinéma.  

Remerciements à Irène Berelowitch   

Diffusions sur ARTE le lundi 16 octobre :

22h30 Dancer in the Dark (2000)

0h50 The House that Jack Built (2018)

Sur ARTE.tv et la chaîne cinéma d’ARTE sur YouTube du 1er octobre 2023 au 31 mars 2024

Element of Crime (1984)

Epidemic (1987)

Europa (1991)

Breaking the Waves (1996)

Dogville (2003)

Manderlay (2005)

Catégories : Coproductions · Sur ARTE

Un commentaire

  1. MARIE;E dit :

    Merci pour ce cycle Lars von trier…..Beau cadeau que Vous faîtes aux cinéphiles!! j avais vu B’REAKING THE Waves à sa sortie en France: Choc et adhésion totale face à ce monde de pierres entre la religion et l’épanouissement des êtres humains , à savoir la vie les rencontres l’érotisme qui libèrent les corps de toutes les turpitudes infondées liées aux religions quelles qu’elles soient!!! Film incontournable, limite de la perversité aboutie à cause de la rigidité des Croyants qui distillent leurs vérités implacables et qui génèrent la chute de Femmes comme Emily Watson …..Magnifique dans ce rôle et de son compagnon aussi qui , une fois guéri , mesure la gravité et l’empathie de sa Femme qu’il a sortie du marasme , de l a platitude de la vie quotidienne par son amour pour lui , pour Eux deux ! j’ai vécu un peu celà dans mon passé , reniée par toute ma famille car voulant un divorce malgré mes deux enfants en bas âge ; Lars von Trier est un esthète dans son art de reproduire les passions humaines ;

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *