Valerio Zurlini (1926-1982) fut l’un des plus grands cinéastes italiens de l’après-guerre, et sans aucun doute le plus secret. Né à Bologne, il entreprend dans un premier temps des études de droit et d’histoire de l’art. Sa passion pour la peinture l’accompagnera toute sa vie. Elle nourrira son œuvre et il poursuivra parallèlement à son travail de cinéaste une remarquable activité de critique d’art et de collectionneur. Après l’échec de plusieurs projets (une malédiction qui se perpétuera tout au long de sa vie professionnelle), son premier long métrage est Les Jeunes Filles de San Frediano, suivi d’Eté violent. Son troisième film est aussi le plus connu : La Fille à la valise (La ragazza con la valigia, 1961), un mélodrame contemporain de la Nouvelle Vague française. Aïda (sublime Claudia Cardinale), une fille-mère qui chante pour gagner sa vie, est lâchement abandonnée par son amant, un fils de bonne famille. Elle rencontre le frère de ce dernier, un jeune homme sensible qui lui offre tendresse et amour. Mais les parents du garçon contraignent Aïda à rompre. Zurlini réalise un drame déchirant et pudique, qui préfère la rétention à l’outrance lacrymale et l’intimisme psychologique aux clichés. La Fille à la valise n’atteint pas malgré son pessimisme le désespoir des titres suivants de Zurlini et le nihilisme radical de son chef-d’œuvre maudit Le Professeur avec Alain Delon. Il est certain que la jeunesse et la beauté de ses acteurs, son atmosphère ensoleillée atténuent la tristesse du film. Zurlini nous raconte une histoire d’amour impossible, thème récurrent dans la filmographie du cinéaste. Le cinéaste y rencontre son acteur-fétiche Jacques Perrin, à l’orée d’une belle carrière italienne. Il offre à Claudia Cardinale son premier rôle important et révèle son incroyable sensualité et sa combativité.
La Fille à la valise est disponible gratuitement sur Arte.tv jusqu’au 31 octobre 2023, dans le cadre de notre cycle consacré au cinéma italien.
revu ce film.
Un art qui laisse pantois. Zurlini était un hypersensible rongé par l’inquiétude, persuadé que l’amour est voué à disparaître, que le couple ne dure pas, ou dure par la force, que l’harmonie est fragile et fugace.
Peu de personnages, toujours perdus dans de grands décors, sentiment d’isolement, de froid, de solitude, de barrières invisibles.
Tous les personnages, seconds et troisièmes rôles compris, sauf peut-être le prêtre, mais qui énonce une leçon qui n’est pas la sienne, qui vient d’en haut, sont travaillés par des tensions intérieures qui n’arrivent pas à se libérer.
C’est un des très rares cinéastes qui arrivent à capter les sentiment par les regards, ici plus que jamais portes de l’âme. Magie de la direction d’acteurs, du rythme, de l’utilisation très judicieuse de la musique.
Quel dommage qu’il ait si peu tourné!
Oui. A partir de janvier vous pourrez revoir sur Arte.tv un autre beau film de ce cinéaste, Des filles pour l’armée (Le soldatesse).
Merci pour ce cadeau aux cinéphiles mais je crains qu’il sera interdit de diffusion en Belgique…..
Non, les quatre chefs-d’oeuvre du cinéma italien que nous proposons sur arte.tv à partir janvier sur Arte.tv seront disponibles gratuitement dans toute l’Europe.
waouh! merci à vous!