On assiste actuellement, et dans plusieurs parties du globe, à une recrudescence du « gore », ce sous-genre de l’épouvante né avec l’Américain Hershell Gordon Lewis dans les années 60. Réalisé en 2021, The Sadness compte parmi les derniers films-choc du cinéma d’horreur et participe à cette nouvelle vague sanguinaire. Cette évocation d’une contagion meurtrière à Taipei rejoint par son nihilisme et sa violence les meilleurs films d’exploitation des années 70-80, sans renoncer à une évidente efficacité spectaculaire dans les scènes d’action et de frayeur, qui doivent beaucoup aux jeux vidéo et à la bande dessinée. C’est également un film taïwanais dont il ne faut pas négliger la dimension politique. En effet, la catastrophe décrite par le film, qui plonge Taiwan dans le chaos, apparait comme une métaphore transparente de la menace d’invasion par la Chine qui plane sur le pays depuis de lustres mais n’a jamais été aussi tangible. C’est à tous points de vue un film très contemporain, qui traite d’angoisses et de préoccupations d’aujourd’hui, pas seulement partagées par un pays (imminence de la guerre) mais par toute la planète : pandémie (le virus se transmet comme celui du COVID), violences sexuelles (les infectés s’acharnent sur les corps de leurs victimes et se livrent à d’épouvantables viols et orgies), terrorisme (une impressionnante attaque au couteau dans un wagon de métro aux heures de pointe.)
Rob Jabbaz est un réalisateur et animateur canadien qui s’est installé à Taiwan à l’âge de 25 ans. Dans le registre « horreur extrême », son premier long métrage a fait sensation dans les festivals, et a réussi sa sortie en salles en France, grâce à l’implication du distributeur ESC, qui vient de l’éditer en combo blu-ray collector dans un coffret très soigné, tant sur le plan technique et visuel qu’éditorial.
On y trouve un entretien croisé avec deux sommités, Fausto Fasulo (Mad Movies) et Jean-François Rauger (Le Monde) qui parlent avec brio du film et de ses qualités. Inutile de préciser que The Sadness est réservé à un public très averti.
Bonjour,
Si je peux me permettre, autant je peux être d’accord avec vos analyses sur les films que vous chroniquez et que j’ai vus, autant je reste perplexe sur celui-là, l’ayant acheté il y a quelques mois, par erreur. Personnellement, je trouve qu’il est totalement inoffensif car il se contente de faire du »grand guignol ». Dans le genre »gore relativement récent » »The Human centripede 2 »m’a semblé beaucoup plus dérangeant, le sommet ayant été atteint (toujours selon moi) par le film argentin des années 90 »Snuff 102 ».
Bonjour, vous avez peut-être raison, mais je n’ai pas vu les deux films que vous citez, et je ne suis pas sûr d’avoir envie de les voir. C’est vrai que The Sadness est moins insoutenable que certains l’ont dit, mais c’est quand même intense et plus réaliste que des films d’horreur grand-guignol récents.
Un film qui emprunte beaucoup à la première période de David Cronenberg (« Rabid » et surtout « Shivers »), en parvenant à surpasser son modèle dans le registre du gore répugnant.
Oui bon même si je trouve le film de bonne facture et efficace je trouve ça loin de Cronenberg