Réalisé en 1980, Sauve qui peut (la vie) marque le retour au cinéma « traditionnel » de Jean-Luc Godard, après l’exil politique et les films militants des années 70. Le cinéaste, installé à Grenoble, avait également fait l’expérience de la vidéo et de la télévision. Ce retour dresse un état des lieux désenchanté des relations entre les hommes et les femmes, mais montre un auteur en pleine possession de ses moyens. Jacques Dutronc interprète un cinéaste solitaire et angoissé, double cinématographique de Godard. Nathalie Baye joue sa maîtresse, sur le point de le quitter, tandis qu’Isabelle Huppert est une fille de la campagne qui fait l’expérience de la prostitution. Autour de ces trois figures, Godard segmente son film en chapitres (l’imaginaire, la peur, le commerce, la musique) et propose une structure musicale. L’analyse des sentiments rejoint un constat plus vaste sur la société, l’urbanisme et l’exploitation sexuelle. Godard, grand inventeur de formes, utilise le ralenti de façon inédite, sans doute en souvenir de son approche de la vidéo. Le sens du lyrisme du cinéaste est contrarié par son goût de l’expérimentation. Le résultat, fulgurant de beauté et de violence, compte parmi les chefs-d’œuvre de son auteur. Très mal accueilli lors de sa présentation au Festival de Cannes, le film de Godard parvint néanmoins à se transformer en événement au moment de sa sortie en salles. Son succès permit au cinéaste d’enchaîner les tournages dans les années 80, et de donner naissance, souvent dans la douleur, à des créations exceptionnelles (Passion, Prénom Carmen, Je vous salue, Marie, Soigne ta droite…)
Cycle Jean-Luc Godard sur ARTE.tv jusqu’au 3 août avec
Masculin féminin (1966)
2 ou 3 choses que je sais d’elle (1967)
La Chinoise (1967)
Sauve qui peut (la vie) (1980)
Je vous salue, Marie (1985)
Godard, seul le cinéma, documentaire de Cyril Leuthy (2022)
Plusieurs films de Jean-Luc Godard ont été édités en Blu-ray chez Gaumont, les titres les plus récents sont Sauve qui peut (la vie), Tout va bien et Soigne ta droite.
Je n’ai pu voir le petit film posthume diffusé à Cannes.
Avez-vous pu le découvrir ?
Bonjour Ballantrae
oui je l’ai vu (accompagné d’un très beau court métrage de Pedro Costa)
c’est un montage de sons et d’images en prévision d’un film à venir, l’équivalent vidéo des « scénarios » de Godard qui n’étaient pas écrits mais étaient constitués de collages de photos, de reproductions d’oeuvres et de citations.
SAUVE QUI PEUT LA VIE…..C’est très troublant , déroutant, on est happé par le film qu’on le veuille ou non ! Godard est là dans son immense et imprévisible force de cinéaste hors norme …..Ce film entre en Nous et y laisse des traces comme pour tous ses films , mais peut-être un peu plus encore tellement il nous offre avec brio sa vision de la société en mouvement perpétuel , happée par les nouveaux médias qui ont envahi , au quotidien , notre vie et qui nous laissent un peu plus vivants mais aussi désemparés .