Olivier Père

Retour à la bien-aimée de Jean-François Adam

Un pianiste (Jacques Dutronc) ourdit un stratagème criminel pour se rapprocher d’une femme (Isabelle Huppert) qui l’a quitté et dont il est toujours amoureux. Il assassine un homme et s’arrange pour faire accuser le nouveau mari (Bruno Ganz) de son ex-épouse, en laissant des indices compromettants pour son rival. Ce film est l’un des secrets les mieux gardés du cinéma français. Ce fascinant portrait d’un assassin transi d’amour fut écrit en deux temps et à huit mains par Jean-François Adam, Jean-Claude Carrière, Georges Perec et enfin Benoit Jacquot appelé à la rescousse. Retour à la bien-aimé est le troisième et dernier long métrage de Jean-François Adam qui s’est suicidé l’année suivant sa sortie, en 1980. Son travail, salué par la critique, n’a jamais rencontré le public et seul Retour à la bien-aimé est désormais facilement visible. Le film, d’une profonde mélancolie, exhale un soupir de passion triste. Jacques Dutronc y interprète de manière somnambulique un être obsédé par l’amour de sa vie. Jean-François Adam et son directeur de la photographie de Pierre Lhomme composent un univers feutré et brumeux, tout droit sorti d’un roman gothique anglais. L’action se déroule dans un manoir à la campagne, trop grand pour le petit groupe humain qui l’habite. Le résultat, aux antipodes du polar comme du drame psychologique, s’apparente à un piège en forme de mauvais rêve, quelque part entre Robert Bresson et Henry James. Isabelle Huppert a rarement été aussi belle, très à son aise dans cet univers à la lisière de l’onirisme.

 

Retour à la bien-aimée est disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur Arte.tv jusqu’au 25 février 2023.

Le film de Jean-François Adam a également fait l’objet d’une édition en combo DVD et Blu-ray chez Sidonis/Calysta, dans la version restaurée diffusée sur ARTE. Nous aimons et soutenons le support physique !

Catégories : Actualités · Sur ARTE

4 commentaires

  1. damien dit :

    Le retour bien aimé d’Olivier. Je pensais que votre blog avait définitivement cessé.
    Bonne nouvelle qu’il reprenne.
    Le film que vous mettez en lumière semble intéressant par rapport aux thématiques abordées.
    Le personnage principal, meurtri par cet amour non réciproque, en va jusqu’a tuer. J’aurais dû mal à parler d’amour mais plus d’un manque de reconnaissance auprès du personnage féminin du film joué par Huppert. Un manque de reconnaissance qui a aussi touché le cinéaste au point qu’il n’en supporte, lui non plus, la douleur. Ne pas trouver son public doit être difficile à vivre quand on voit des films commerciaux stupides qui trouvent le leur.
    Votre mission, Olivier, est bien là. Mettre un peu de lumière sur les cinéastes qui résistent même s’ils sont de plus en plus rares…

    • Olivier Père dit :

      Merci Damien. J’avais trop d’engagements professionnels et étais pris par d’autres travaux d’écriture pour pouvoir continuer à alimenter régulièrement ce blog. Je profite de congés pour le faire. Bien à vous,

  2. damien dit :

    Comme vous êtes aux premières loges, depuis des années, de la création cinématographique, n’avez-vous pas envie de signer un scénario et une réalisation ? De passer de la théorie à la pratique ?
    On voit souvent à Canal+ d’anciens membres de la « famille canal » réaliser leur film sans avoir de réel talent pour ça. Le résultat est très souvent décevant ( De Caunes, Farrugia, Chabat, les Robins des bois, les Miss Météo…)
    La soit disante « chaine du cinema » n’ a pas enfanté ni de grands auteurs, ni de grands réalisateurs.

    • Olivier Père dit :

      Non je suis bien à l’endroit où je suis. Un peu de théorie mais surtout de la pratique puisque nous aidons des films à exister en les co-produisant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *