Olivier Père

Caltiki, le monstre immortel de Riccardo Freda

Comme Les Vampires (I vampiri, 1957), Caltiki, le monstre immortel (Caltiki, il mostro immortale, 1959) est signé Robert Hampton, pseudonyme de Riccardo Freda qui avait décidé d’angliciser son nom dans l’espoir de berner une part du public populaire italien, réfractaire à la production nationale quand elle s’écartait de la comédie ou du mélodrame. Peine perdue. Le film n’aura pas le succès escompté dans les salles, sévèrement jugé par ses contemporains. Et pourtant, Caltiki, le monstre immortel se révèle un excellent mélange d’aventures exotiques (la première partie) et de science-fiction (la suite du métrage). Il s’agit même d’une des rares réussites exemplaires dans le domaine de la SF transalpine. Freda s’inspire sans ambages de la série britannique des Quatermass, avec une histoire de mutation et de contamination catastrophiques, traversée par d’étonnantes images gore qui annoncent l’horreur génétique moderne, où les transformations organiques et la souffrance de la chair occupent une place primordiale. La cruauté et le sadisme du film, dont les personnages tourmentés sont agités par des crises de folie et de violence, comptent parmi les premières manifestations du cinéma d’horreur italien, plus excessif que ses modèles anglo-saxons. Mécontent des moyens qui lui étaient alloués et furieux contre ses commanditaires – une attitude courante chez lui, Riccardo Freda déserta une fois de plus le plateau de son film dès les premiers jours du tournage et fut remplacé par Mario Bava, au départ directeur de la photographie et responsable de trucages assez artisanaux. Avec la seule maîtrise de l’ombre et de la lumière dans un studio aux proportions modestes, et des bouts de décor en carton-pâte, Bava parvient à créer de toutes pièces un monde poétique digne de certains films d’Ulmer. Davantage que Les Vampires, qui portaient la marque de Freda, Bava peut être considéré comme le véritable réalisateur de CaltikiIl deviendra en passant officiellement à la mise en scène en 1960 avec Le Masque du démon le seul grand rival de Freda dans le registre de l’épouvante en Italie. Le monstre géant et visqueux, sorte de blob du pauvre, était composé de véritables entrailles animales, et répandait selon la légende une odeur pestilentielle sur le plateau. Ni ringard ni rasoir, Caltiki, le monstre immortel est un petit classique du cinéma bis transalpin, auquel cette édition blu-ray d’excellente qualité rend l’hommage qu’il mérite.

 

Caltiki, le monstre immortel est disponible dans un combo collector Blu-ray et DVD, accompagné d’un livret sur le film, édité par Artus.

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