Dans les années 90, après un pas de côté réussi dans le registre du cinéma indépendant à petit budget (Prince des ténèbres, Invasion Los Angeles, deux de ses meilleurs films), John Carpenter navigue entre les commandes produites par les grands studios (Les Aventures d’un homme invisible) et les projets ambitieux et plus personnels (L’Antre de la folie). Le Village des damnés (Village of the Damned, 1995) appartient à la première catégorie et permet de retrouver à peu près intacte la rigueur visuelle du cinéaste, malgré une distribution très hétéroclite et guère séduisante (Christopher Reeve, Mark Hamill, Kirstie Alley, Linda Kozlowski, Michael Paré). Il s’agit d’un remake du film anglais homonyme de Wolf Rilla, adapté d’un roman de John Wyndham, et petit classique de la science-fiction des années 60. Les habitants du village de Midwich se retrouvent un jour mystérieusement endormis sans que personne ne puisse expliquer le phénomène, qui provoque la grossesse inexpliquée de dix villageoises. Quelques années plus tard, les enfants ont grandi et s’avèrent dotés de pouvoirs paranormaux et d’une intelligence très supérieure à la moyenne… Comme Abel Ferrara et son Body Snatchers, énième version d’une histoire archétypale, John Carpenter prend en compte la connaissance préalable du spectateur, et ne perd pas son temps en explications inutiles. John Carpenter se plaît à visiter ses sujets d’admiration (le cinéma d’Howard Hawks, les classiques de la série B) pour les moderniser à sa façon : le style de Carpenter est un mélange d’abstraction formelle, de réflexion sur le genre et de trivialité. Comme à son habitude, il s’intéresse ici aux métamorphoses du Mal, qui prend cette fois-ci la forme d’un groupe de têtes blondes à l’angélisme pervers. C’est le dernier film brillant du cinéaste, qui signe une œuvre épurée où la peur surgit d’un simple détail, grâce à un recours subtil et discret aux effets spéciaux. À l’instar de Fog, un des chefs-d’œuvre de Carpenter, la mise en scène élégante utilise l’écran large pour transformer le décor familier d’une petite ville côtière en un espace inquiétant. Le cinéaste tourne le dos au cinéma fantastique contemporain en filmant avec sérieux et sans la moindre note d’ironie un récit de paranoïa adulte.
Le Village des damnés est édité en combo Blu-ray et DVD par Éléphant Films.
Cher Olivier,
Tout à fait d’accord avec les qualités de ce Village des damnés, commande devenue pleinement carpenterien par la mise en scène, un sens de la durée et de l’espace particuliers.
En revanche, il me semble que Vampires constitue encore une vraie grande réussite qui crée un vrai renouvellement mythologique, des séquences impressionnantes de chasse au vampire ou d’inversion des rôles chasseur/ proie.
Ghosts of Mars et le dernier eux sont assez discutables.
J’avais trouvé Vampires pas mal, hommage aux westerns de Peckinpah, parfois grossier dans l’exécution. Il y avait aussi des moments satiriques réussis dans Los Angeles 2013. Mais je n’ai pas revu ces deux films depuis leurs sorties.
Bonjour, je m’interroge à propos du film « Manon des Sources » de Marcel Pagnol, qui sera reprogrammé, je n’en doute pas.
Mais j’ai constaté que seule la première partie était programmée en ce mois d’avril. Je peux comprendre qu’il est peut-être difficile de caser les deux parties en raisons de leurs longueurs, mais j’ai peur qu’une seule partie laissera les téléspectateurs sur leurs faims.
Pouvez-vous me dire s’il est prévu à l’avenir de diffuser aussi la seconde partie intitulée « Ugolin » sur Arte à l’antenne et/ou sur votre plateforme ?
Oui nous avons prévu de diffuser Ugolin après Manon des Sources, mais je crois que le film est en cours de restauration. Bien à vous,