ARTE place la soirée du lundi 3 janvier sous le signe du cinéma français, et d’une période bien particulière de son histoire. Laissez-passer (2002) de Bertrand Tavernier est l’un des films les plus ambitieux de son auteur, qui brosse un portrait des conditions de travail sur les plateaux de tournage parisiens durant l’Occupation, en s’intéressant principalement à la société Continental. Continental-Films, financée par des capitaux allemands, avait été créée en 1940 par Josef Goebbels dans un but de propagande. Il en avait confié la direction au francophile Alfred Greven. Le film s’appuie sur les mémoires du réalisateur Jean-Devaivre (interprété par Jacques Gamblin), entré à la Continental pour y camoufler ses activités de résistant. Son chemin croise celui de Jean Aurenche (Denis Podalydès), scénariste et écrivain qui s’évertue à refuser la moindre offre de travail provenant des Allemands, en ces temps difficiles. Autour de ces deux hommes, représentatifs de deux formes complémentaires de résistance face à l’ennemi, Tavernier convoque une multitude de personnages, pour la plupart ayant existé, qui lui permet de recréer l’univers du cinéma français pendant l’Occupation, et par extension de parler des conditions de vie à Paris durant cette sombre période. On retrouve dans Laissez-passer, fresque généreuse et parfois rocambolesque, les talents de conteur du cinéaste, son goût pour l’Histoire et sa passion pour des artisans du cinéma trop négligés par la critique. Tavernier signera un versant documentaire à Laissez-passer avec l’excellent Voyage à travers le cinéma français et son extension en série pour la télévision, qui couvrent trois décennies des années 30 à 50 et reviennent sur certains titres et auteurs importants du cinéma sous l’Occupation. Une belle manière de conclure une carrière traversée par l’amour du cinéma.
En mémoire de Bertrand Tavernier (1941-2021).
Laissez-passer est diffusé lundi 3 janvier à 20h55, suivi de La Main du diable de Maurice Tourneur à 23h35.
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