Dans le cadre de sa programmation spéciale consacrée au Festival de Cannes durant le mois de mai, ARTE diffuse en version restaurée Kanal – ils aimaient la vie (Kanał, 1957) d’Andrzej Wajda mercredi 26 mai à 23h50. Le film, récompensé par le prix spécial du Jury à Cannes, sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur ARTE.tv jusqu’au 24 juin. Le grand sujet d’Andrzej Wajda a toujours été l’histoire de la Pologne, élargie à celle de l’Europe à l’occasion de coproductions internationales avec la France ou l’Allemagne. Avec Kanal, l’un de ses plus grands films, réalisé au tout début de sa carrière, Wajda relate un épisode traumatique de la Seconde Guerre mondiale : l’insurrection de Varsovie où pendant près de deux mois des résistants polonais luttèrent contre les forces d’occupations allemandes. Fin septembre 1944, cette tentative de soulèvement armé va tourner au désastre. Une compagnie polonaise, à laquelle se sont joint quelques civils, tente de tenir sa position sous le pilonnage de la Wehrmacht. Acculé, le groupe d’hommes et de femmes n’a d’autre solution que de s’échapper par les égouts de la ville pour rejoindre le haut commandement. Commence alors une lutte acharnée, avec comme seule issue la mort ou la captivité. Dès ce deuxième long métrage d’une incroyable maîtrise, Wajda rompt avec le réalisme socialiste. A l’inverse des films de propagande qui exaltaient l’héroïsme de la résistance polonaise, Wajda décrit cette fuite sous la ville comme une antichambre de l’enfer, où les peurs, les passions et l’instinct de survie sont poussés à leur paroxysme. Kanal n’est pas un simple film de guerre qui se contente de reconsituter un événement historique majeur (ce serait déjà beaucoup) mais une étude de caractères, où chaque individu, pris dans des situations extrêmes, révèle une dimension tragique de l’humanité. Wajda décrit aussi bien l’horreur des combats que les failles intimes de ses personnages. Sa mise en scène virtuose associe l’hyperréalisme documentaire à un style hérité de l’expressionnisme, comme en témoignent les jeux d’ombre et de lumière dans les nombreuses scènes souterraines.
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