ARTE diffuse La 317ème Section (1965) de Pierre Schoendoerffer lundi 10 mai à 20h55.
Avant de devenir écrivain et cinéaste, ce passionné de Conrad, Kipling, London, Kessel et Melville fait l’apprentissage du cinéma au service cinématographique de l’armée. Caporal-chef durant la guerre d’Indochine, il est fait prisonnier à l’issue de la bataille de Diên Biên Phu. A son retour à la vie civile, Schoendoerffer n’abandonne pas son goût des voyages et de l’aventure. Il est journaliste pendant la guerre d’Algérie, puis signe ses premiers documentaires et longs métrages de fiction. La 317ème Section demeure l’un des meilleurs films de guerre jamais réalisé, et l’un des rares exemples de réussites françaises dans ce domaine. Schoendoerffer y adapte son propre roman, inspiré par son expérience militaire en Indochine. Avec la complicité du grand producteur Georges de Beauregard et du génial directeur de la photographie (également ancien d’Indochine) Raoul Coutard, tous deux associés aux révolutions techniques et esthétiques de la Nouvelle Vague, Schoendoerffer réussit un film d’un réalisme extraordinaire, nourri par son expérience du documentaire et du reportage. Porté par l’interprétation remarquable de Jacques Perrin et Bruno Cremer, le film est le récit d’une fuite dans une jungle hostile, d’un groupe de soldats français cerné par l’ennemi, qui débouche sur une réflexion sur l’héroïsme et la défaite. Adoptant le point de vue de perdants et de morts en sursis, le film se situe aux antipodes des conventions du film de guerre hollywoodien, même s’il rejoint souvent Fuller et Walsh sur le terrain du réalisme. La 317ème Section a parfois des accents bressonniens que la suite de la carrière de Schoendoerffer confirmera, sans jamais égaler cette réussite totale, à l’exception de son remarquable documentaire tourné pendant la guerre du Vietnam en 1967, La Section Anderson. Ces deux titres majeurs suffisent à faire de Schoendoerffer un auteur à part dans le cinéma français, admiré dans le monde entier et notamment aux Etats-Unis par des cinéastes comme Coppola, Milius, Cimino ou Stone qui filmeront à leur tour la guerre et prendront La 317ème Section et La Section Anderson comme références absolues.
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