Olivier Père

Frantz de François Ozon

ARTE diffuse Frantz (2016) de François Ozon mercredi 10 mars à 20h55.

Frantz est un beau mélodrame tout en retenue sur les blessures morales et physiques des survivants de la Première Guerre mondiale, des deux côtés du Rhin. Auteur caméléon, François Ozon aime varier les styles et les genres, tout en restant fidèle à des obsessions plus ou moins secrète. Il adapte ici une pièce de Maurice Rostand déjà porté à l’écran par Ernst Lubitsch dans un film américain de 1932, L’Homme que j’ai tué (Broken Lullaby), chef-d’œuvre à part dans la carrière du génial cinéaste. Ozon s’éloigne de ces deux sources d’inspiration pour signer un film très personnel, où s’exprime une nouvelle fois son goût pour les récits trompeurs et les histoires à double-fond. Il y a dans Frantz l’illustration d’un grand sujet humaniste – la réconciliation entre deux nations meurtries, par l’entremise de la culture et de l’amour – en même temps qu’une dimension beaucoup plus intime et fantasmatique – un rêve d’amitié homosexuelle secrète, et la découverte de la part d’ombre de la masculinité par une jeune femme pure et innocente.

Le personnage d’Adrien Rivoire, et sa rencontre avec Anna, la fiancée du soldat allemand qu’il a tué dans les tranchées, permettent à François Ozon d’explorer les thèmes de la culpabilité et du pardon. Le cinéaste tisse un réseau de mensonges, de dissimulations et de faux-semblant. Il subvertit le matériau d’origine et prend le parti de la jeune femme, victime de la cruelle vérité, piégée par une sorte de malentendu au sujet des sentiments que l’ancien soldat français peut éprouver pour elle. Tourné en noir et blanc, magnifiquement mis en scène et interprété, Frantz compte parmi les plus belles réussites de François Ozon. Face à un Pierre Niney sobre et émouvant, l’actrice Paula Beer est la grande révélation du film.

 

 

Catégories : Sur ARTE

Un commentaire

  1. Gerard Bufort dit :

    De la musique, de la poésie, de la souffrance, de la peinture, de la noblesse, tous ces ingrédients ne suffisent pas pour un bon film, il faut aussi la magie de François Ozon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *