Olivier Père

L’Abominable Docteur Phibes de Robert Fuest

Cinéaste, scénariste et décorateur anglais, Robert Fuest est surtout connu pour avoir réalisé un petit classique du cinéma bis, L’Abominable Docteur Phibes (The Abominable Dr. Phibes) en 1971.

Dans ce titre de gloire de la société American International Pictures, fameuse pour ses adaptations de Poe signées Roger Corman et familière des coproductions avec l’Angleterre, un scientifique transformé en momie indestructible se venge des chirurgiens responsables de la mort de sa femme adorée en accomplissant une série de meurtres bizarres et sadiques inspirés des dix malédictions d’Égypte – rats, sauterelles, grêle, etc. Transposées dans la bonne société britannique, ces plaies prennent des tournures aussi funestes qu’inattendues. Fuest s’est emparé du projet en lui insufflant un ton humoristique, et en accordant un soin particulier à la direction artistique. Malgré son budget modeste, le film bénéficie de décors extraordinaires d’inspiration Modern Style et Art déco – l’action est censée se dérouler dans les années 30. L’Abominable Docteur Phibes est l’un des premiers exemples de films d’horreur parodiques, qui insiste beaucoup sur les clins d’œil macabres et les effets de distanciation. Mais ce sont surtout ses qualités visuelles qui retiennent encore aujourd’hui l’attention. Certaines séquences sont hallucinantes, notamment l’ouverture dans le repaire de Phibes, mélange de cabaret et de crypte.  L’orchestre d’automates actionné par Phibes, qui joue de l’orgue avec grandiloquence, évoque à la fois Le Fantôme de l’opéra et de L’Homme au masque de cire (déjà interprété par Vincent Price dans la version d’André de Toth).

Ce récit sanguinolent de vengeance et d’amour fou, avec sa forme répétitive, ses scènes proches de la pantomime et ses incartades psychédéliques, entérine sur un mode joyeux la décadence du cinéma fantastique classique.

Le succès du film engendrera une suite toujours réalisée par Fuest, Le Retour de l’abominable docteur Phibes en 1972, sympathique mais inférieure à l’original, tandis que Théâtre de sang de Douglas Hickox reprendra – toujours avec Vincent Price – le même principe dans le monde du théâtre : un cabot déchu se venge des critiques qui l’avaient assassiné – au sens propre et figuré – en s’inspirant des morts violentes dans les pièces de Shakespeare. Ce titre est également disponible dans la collection « british terrors » d’ESC.

L’Abominable Docteur Phibes a été édité par ESC, dans un combo DVD et Blu-ray.

 

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10 commentaires

  1. MB dit :

    pourquoi le combo? Que fait -on du dvd après? comprends pas

    j’attendrai une édition plus simple..

  2. Comet dit :

    Il n’y a rien à comprendre. Il n’y aura pas d’édition moins chère. Il suffit juste d’attendre que celle-là soit soldée mais ça peut prendre du temps . Vu la qualité du film, ce n’est pas un achat inutile.

  3. Comet dit :

    Ce film c’était un peu l Arlésienne : il était souvent mentionné dans les revues de l âge d’or du fantastique mais on ne l avait pas trop vu. Grosse erreur qu’on a pu réparer (le combo c’est inutile mais c’est comme ça).

    • Olivier Père dit :

      Je ne trouve pas les combos si inutile que ça c’est parfois bien pratique d’avoir aussi le DVD d’un film quand on voyage ou qu’on doit le visionner sur ordinateur.

  4. Comet dit :

    Mais si vous voulez un dvd moins cher et une pure bombe atomique, un objet non identifié entre Rohmer, Wes Craven période « La dernière maison sur la gauche » et Verhoeven période néerlandaise, et bien il y a « Operation K » de Luigi Petrini (1977) qui vient de sortir. Là ça fait très mal !

  5. Comet dit :

    Bonsoir. Ne connaissant pas du tout ces films, j’avais également acheté celui que vous évoquez (Société anonyme anti-crime). Vu hier soir. Il est très intéressant avec ses passages assez surréalistes (une visite en bus des lieux de prostitution) mais le canevas reste trop proche de celui de Magnum force. Revu partiellement hier Operation K, c’est quand même le niveau au-dessus tellement le film est barré. Ai reçu Big racket que je vais découvrir ce soir.

    • Olivier Père dit :

      Moi aussi j’ai été surpris par les similitudes entre les deux films. Mais Société anonyme anti-crime est sorti un an avant Magnum Force!

  6. Comet dit :

    Ah oui, ça change tout ! Par hasard pourriez-vous m éclairer sur un fait qui n’a rien àvoir: les similitudes entre Turkish delices et Les valseuses. Le premier est sorti aux Pays-Bas en février 1973 et le second en France en mars 1974. J’ai toutefois lu, toujours sur Wikipedia, que Blier avait adapté un de ses romans de 1972. Si jamais vous aviez des précisions sur l’antériorité de l’un ou de l autre…et même si vous n’en avez pas, merci pour votre blog.

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