Olivier Père

La vie est belle de Frank Capra

ARTE diffuse La vie est belle (It’s a Wonderful Life, 1946) mardi 29 décembre à 20h50. Les fêtes de Noël constituent une période idéale pour découvrir ou revoir inlassablement ce chef-d’œuvre de Frank Capra. Échec commercial au moment de sa sortie, ce film est devenu au fil des ans et des rediffusions télévisées une institution aux États-Unis, un véritable trésor du patrimoine national. La vie est belle était le film préféré de James Stewart et Frank Capra. Il continue d’irriguer la culture populaire américaine et on ne compte plus les références dans d’autres œuvres cinématographiques ou télévisuelles.

La nuit de Noël 1945, un homme est sur le point de se suicider. Dans le ciel, les anges se penchent sur son destin et décident de lui venir en aide. Commence alors un long flash-back qui raconte la vie de George Bailey et explique comment il en est arrivé à cette terrible situation. Capra manie avec virtuosité le mélange des genres. Le film navigue entre la chronique provinciale, le mélodrame, la comédie et le fantastique poétique. On passe souvent du rire aux larmes. La dernière partie, dans laquelle on découvre ce qu’aurait été la petite ville de George, qui se considère comme un raté, s’il n’avait pas existé, relève du génie et illustre l’interaction entre volonté individuelle, sens du devoir (voire du sacrifice) et souci de l’intérêt commun. Capra exalte le courage et la générosité d’un honnête homme qui préfère renoncer à ses rêves de voyages et d’aventures pour se mettre au service des plus pauvres et participer à l’amélioration de la vie de la communauté. La vision cauchemardesque d’une bourgade livrée au stupre et à la violence, conséquences de la malfaisance d’un richissime affairiste misanthrope obsédé par le profit, souligne le lien qui existe entre les décisions d’un seul homme et le bonheur (ou le malheur) d’une collectivité. Cet éloge de la solidarité élude toute forme de naïveté et n’hésite pas à évoquer les aspects les plus tragiques ou désespérés de l’humanité. Dans la lignée d’un John Ford ou d’un Leo McCarey, Frank Capra signe un conte qui est aussi l’un des plus beaux tableaux, à la fois sentimental et subtilement politique, de la civilisation américaine et de ses valeurs ancestrales, où l’individu est le responsable absolu de ses actes, qu’ils soient guidés par la bonté ou profondement destructeurs.

 

Catégories : Sur ARTE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *