Olivier Père

Top Secret de Blake Edwards

ARTE diffuse Top Secret (The Tamarind Seed, 1974) de Blake Edwards dimanche 13 décembre à 14h.

Si je ne devais garder qu’un seul film de Blake Edwards, à mes yeux son plus beau, ce serait le rarement cité Top Secret, qui appartient à la veine mélancolique et non burlesque de son œuvre. Blake Edwards y adapte un roman d’espionnage anglais d’une certaine Evelyn Anthony, mais il est impossible de ne pas penser à l’univers que John le Carré a décrit dans ses propres romans consacrés à la guerre froide et à l’infiltration d’agents communistes recrutés parmi l’élite britannique.

La secrétaire d’un haut fonctionnaire anglais (Julie Andrews) a pris une semaine de congés à la Barbade pour oublier la rupture avec son amant. Dans le cadre paradisiaque des Caraïbes, elle rencontre un séduisant attaché militaire russe (Omar Sharif) qui lui fait la cour. La jeune femme résiste à ses avances malgré la naissance de sentiments amoureux sans doute réciproques, même si la nationalité du bel étranger permet de douter de la véritable nature de ses intentions. C’est l’histoire d’une romance pleine d’arrières pensées, d’une femme dont la confiance dans les hommes a été mise à rude épreuve. A la sphère intime se superposent la duplicité, les jeux de dupes, les faux-semblants, les stratégies destructrices des services secrets. Au couple d’amants romantiques s’opposent les époux Stephenson, qui se haïssent mais restent soudés en raison de leurs intérêts respectifs (double couverture pour l’un, position sociale pour l’autre).

Top Secret permet de vérifier l’entendue de la palette d’Edwards, qui venait de signer trois ans plus tôt une contribution magnifique et émouvante au western (Deux Hommes dans l’ouest). Dans le cas présent, il transcende une nouvelle fois les règles d’un genre codifié pour imposer la vision du monde et le style d’un grand cinéaste.

Dans The Tamarind Seed (titre original préférable à celui, idiot, choisi pour l’exploitation française) Blake Edwards ne délaisse pas seulement la comédie mais aussi son compositeur fétiche Henry Mancini. La musique de Top Secret est l’une des plus belles bandes originales de John Barry. Son thème entêtant nimbe de mystère et de tristesse ce chef-d’œuvre maniériste.

Top Secret est également disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur ARTE.tv jusqu’au 11 janvier 2021.

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27 commentaires

  1. MB dit :

    Très bon choix de Arte, c’est une vf si le guide Arte ne se trompe pas mais c’est mieux que rien du tout!

    • Olivier Père dit :

      Oui malheureusement les films achetés pour l’après-midi le sont uniquement en VF, mais le film est beau et rare donc cela vaut la peine de le signaler.

  2. greta Margot dit :

    Franchement ce film est une caricature de films d ‘espionnage et de romance mièvre. Dialogues improbables ( leur rencontre est hilarante!) et pas certain que le doublage Français en soit la cause , les femmes sont des potiches naïves, on nous met bien les points sur les i des fois que nous n’ayons pas bien compris un scénario pourtant bien pauvre, tout pour déplaire , pauvre Julie Andrews et pauvre Omar , dommage …

  3. Sandor Krasna dit :

    Du générique à la musique, serait-ce une sorte de variation « sérieuse » de James Bond ou plutôt de l’univers de Ian Fleming…?

    • Olivier Père dit :

      il est vrai que le film de Blake Edwards partage avec les « James Bond » le compositeur John Barry et le concepteur de générique Maurice Binder. Mais ces deux-là étaient aussi réunis pour les « Harry Palmer », soit l’anti-James Bond produit dans les années 60 avec Michael Caine.
      Maurice Binder a eu une influence mondiale sur les génériques et a été beaucoup imité (les premiers westerns de Sergio Leone reprennent l’idée des silhouettes colorées et animées); quant au scénario j’y vois plus l’influence de John le Carré que de Ian Fleming.

  4. Nathalie dit :

    Une belle découverte ce très beau film dont je n’avais jamais entendu parler.
    Un immense plaisir de retrouver ces deux magnifiques acteurs dans un registre inhabituel, tout en retenue.
    Le charme un peu désuet des seventies apporte une touche de nostalgie et la France filmée par Edwards est une curiosité du film.
    Merci Arte pour ce délicieux moment.

  5. sylvain dit :

    Merci pour cette très belle découverte qui confirme l’étendue du répertoire d’Edwards. Quel sens du rythme, qui se tend progressivement tout au long du film, pour filmer la construction au dessus des faux semblants des personnages et des codes du genre, avec la force et la simplicité de l’évidence, une histoire d’amour…!
    Quel est donc cet extrait en N&B que regarde passionnément George MacLeod… ? Le personnage retirera t’il a temps sa main de son manteau coincé dans l’engrenage…?

    • Olivier Père dit :

      Bonjour, c’est un extrait de Correspondant 17 d’Alfred Hitchcock (1940, chef-d’oeuvre du cinéma d’espionnage et deuxième film réalisé à Hollywood par le cinéaste anglais.

  6. sylvain dit :

    Merci beaucoup pour la référence…elle éclaire peut etre aussi certains partis pris narratifs..

  7. George dit :

    Ce film que je ne connaissais pas m’a fait passer une soirée très très agréable. J’ai retrouvé moi aussi tout comme Nathalie le plaisir de revoir à l’écran Omar Sharif et Julie Andrews. Merci Arte judicieux choix.
    Le replay du 16 décembre 2020

  8. Jean-François Dupuy dit :

    L’influence de Tamarin seeds peut aussi se trouver chez Hitchcock, du côté des Enchaînés. L’un des personnages du film regarde Correspondant 17 a la TV et dans les rôles principaux il y’a l’interprète féminine de Le rideau déchiré et celui de L’agent secret…

  9. Olivier Père dit :

    oui bien sûr je pense aussi que Les Enchaînés est dans l’esprit de Blake Edwards quand il réalise son film.

  10. Pascal dit :

    Bonjour,
    Après avoir découvert « Experiment in Terror » il y a quelque temps sur Arte voici une belle surprise.
    La description des grenouillages des services secrets prêts à tout et in fine bons à rien (de justesse) est « savoureuse », même si malheureusement probablement réaliste.
    Ces deux personnages idéalistes surnagent au milieu de tout cela.
    Et le « gag » qui passerait presque inaperçu : le pistolet factice soigneusement choisi dans un magasin de jouets, destiné à empêcher l’espion soviétique de prendre l’avion à destination de la Barbade !
    Une belle réussite.
    Encore Merci.

  11. Olivier Père dit :

    Merci à vous et très bonnes fêtes

  12. Nathalie dit :

    Oui effectivement il est bien dommage de ne pas avoir la version originale…
    Mais quel régal…ces chassés croisés…ce couple qui grandit à l’écran au fil de l’intrigue…une Julie Andrews très attirante et comment résister au charme certain du beau Omar Sharif…bien plus convaincant ici que dans funny girl ou lady…je ne sais plus.
    Merci Arte !

  13. Simon Jean-Jacques dit :

    Merveilleux film que je possédais en VHS. Julie Andrews est d’une grâce absolue et parfaitement doublée par Martine Sarcey. Compte tenu du contexte historique aujourd’hui révolu, je ne pensais pas revoir cette œuvre de Blake Edwards remasterisée. Une très belle surprise !
    Certes, la mode de ces années peut faire sourire, mais le charme opère toujours. Musique envoûtante et intrigue parfaitement menée : je conserve encore l’émotion ressentie quand l’héroïne pense à la fin que son amour a péri dans l’attentat.
    Je conviens avec vous que le titre français est des plus mal choisis.

  14. Bonacini Giordana dit :

    A quand prochaine diffusion film TOP SECRET ? Je le rate toujours. Merci.

    • Olivier Père dit :

      La prochaine diffusion de Top Secret est le mardi 12 janvier à 13h35. Il est également disponible gratuitement sur ARTE.tv jusqu’au 11 janvier.

  15. Alain CHABRIER dit :

    Bonjour. Merci pour cette diffusion; Omar Sharif n’est-il pas doublé par Jacques Thébault, dont j’ai cru reconnaître la voix?

  16. Bernadette et Christian dit :

    Que ne fut pas notre plaisir de découvrir le célèbre parieur hippique en OSS117 version seventies et Mary Poppins avec sa nouvelle coupe de cheveux! Merci Arte pour ce moment.

  17. MB dit :

    Bonjour
    Je viens de découvrir ce film, mes réserves sont peanuts même si elles rejoignent en mineur celle de la 1ère commentatrice (le rôle de Andrews est un peu passif), par rapport à celle-ci, je dois dire au contraire que le côté espionnage est très bien contrôlé, et comme dit un autre commentateur, que Edwards a bien su soutenir une lenteur de rythme qui mène à 2 heures en faisant monter la pression tout doucement, avec l’apport leit-motiv de la musique de J Barry, d’ailleurs la scène d’action est une surprise et est très bien menée comme si B.E. en était un habitué! Julie Andrews est magnifique (la seule actrice qui peut être sexy en laissant le spectateur devant la porte close de la chambre à coucher!) par contre Omar Sharif et sa moustache je sais pas, mais c’est secondaire.
    Pour info j’ai vu ce film sur un Bray Network (avec sta hélas), on y voit Burt Kwouk (Kato) intervenir bruyamment en plein milieu d’un interview de Peter Sellers parlant de B.E., après s’en être pris à ce dernier, il saute sur le présentateur.
    Grand film.

  18. Régine Dupuy dit :

    Ce film est absolument superbe ! Merci mille fois !

  19. Francine Poupart dit :

    Quelqu’un peut il me dire quelle est la chanson entendue dans la boîte de nuit.
    Merci par avance

    • Olivier Père dit :

      « Play It Again » chanté par Wilma Reading, musique de John Barry, paroles de Don Black. Très belle chanson qui reprend le thème de Barry pour le générique.

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