ARTE consacre la soirée du lundi 14 décembre à Robert Enrico, avec la diffusion de deux de ses meilleurs films, Les Grandes Gueules à 20h50 (également disponible en télévision de rattrapage sur ARTE.tv jusqu’au 20 décembre) et Le Secret à 23h.
Les Grandes Gueules (1965) est le premier succès populaire de Robert Enrico. Hector Valentin revient du Canada pour hériter de la scierie de son père. Mais la petite entreprise est condamnée à la ruine par un concurrent sans scrupules. Deux anciens truands lui viennent en aide. Ils lui proposant une main d’œuvre inattendue : dix hommes en liberté conditionnelle.
Le film se présente comme une tentative réussie d’acclimater les thèmes et les motifs visuels du western américain à un paysage français, en l’occurrence les montagnes des Vosges. Grands espaces, bagarres et amitié virile, pessimisme de l’action… Tous les ingrédients d’un film d’aventures sont réunis par Enrico et son scénariste José Giovanni. Les Grandes Gueules bénéficient de la présence de Bourvil et Lino Ventura, parfaits en héros solitaires et courageux, mais impuissants à échapper au poids de la fatalité. C’est la première musique de film de François de Roubaix, destiné à travailler à plusieurs reprises avec Robert Enrico et José Giovanni.
Le Secret (1974) est certainement le film le plus étrange et inquiétant de la carrière de Robert Enrico. Un homme parvient à s’échapper d’une prison secrète où il a été torturé. Sa cavale le conduit en Ardèche, où il trouve refuge chez un couple qui vit en marge de la société dans un manoir délabré. Ses hôtes n’arrivent pas à savoir s’ils ont affaire à un innocent traqué ou à un dangereux mythomane. Jean-Louis Trintignant, dans le rôle du fugitif, exprime cette ambiguïté à la perfection.
Le cinéaste adapte avec le scénariste Pascal Jardin un roman d’espionnage de Francis Ryck publié dans la série noire, Le Compagnon indésirable. Dans la mouvance de l’après mai 68, Ryck dénonce dans son livre un système politique répressif et criminel. Le Secret est la réponse française aux thrillers paranoïaques américains des années 70. Le mécanisme d’un piège d’état se referme impitoyablement sur les personnages. Le Secret baigne tout entier dans une atmosphère aux confins du cauchemar et du fantastique. Ses images délivrent un malaise durable, amplifié par la tristesse lancinante de la musique d’Ennio Morricone.
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