Pour conclure son cycle consacré à Kathryn Bigelow, ARTE diffuse Blue Steel (1990) lundi 5 octobre à 20h55. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage jusqu’au 11 octobre sur ARTE.tv. Lors du braquage d’une épicerie de Manhattan, un agent de change a dérobé instinctivement le revolver du voyou, abattu par une femme flic. L’homme bascule dans la folie. Mû par un sentiment d’impunité, il commet plusieurs meurtres avec l’arme dans les nuits de New York, séduit puis harcèle la policière, suspendue de ses fonctions après l’incident. Blue Steel est le deuxième long métrage de Kathryn Bigelow, qui n’a jamais caché sa dette envers Sam Peckinpah. Tandis qu’Aux frontières de l’aube (Near Dark) revisitait les codes du film de vampires, transposés sur les routes poussiéreuses de l’Arizona, Blue Steel s’inscrit dans la tradition du film noir et prend New York comme toile de fond. Bigelow y aborde des thèmes sulfureux comme le fétichisme des armes et l’addiction à la violence. Le trader richissime de Wall Street aux pulsions fascistes et fasciné par la mort, interprété par Ron Silver, préfigure le tueur en série Patrick Bateman du roman de Brett Easton Ellis, American Psycho, publié un an après la sortie de Blue Steel. Les profils opposés du meurtrier et de l’héroïne, issue d’un milieu modeste, explicitent la dimension politique du film, très critique envers le règne de l’argent roi dans l’Amérique de Bush. Kathryn Bigelow démontre un immense talent pour l’action et signe un polar urbain magistral. Avec son look androgyne, Jamie Lee Curtis campe une femme à la fois forte et vulnérable dans un monde très masculin, engagée dans un jeu pervers du chat et de la souris avec un sociopathe mégalomane. Habituée à lutter contre le Mal depuis ses débuts dans La Nuit des masques de John Carpenter, l’actrice se révèle une fois de plus remarquable.
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