Olivier Père

Saya Zamurai de Hitoshi Matsumoto

Dans le cadre de son cycle consacré au cinéma japonais, ARTE diffuse Saya Zamurai (2011) lundi 3 août à 0h25. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur ARTE.tv jusqu’au 31 octobre 2020. Saya Zamurai est le troisième long métrage du comique et artiste pluridisciplinaire Hitoshi Matsumoto, célèbre au Japon pour ses émissions à la télévision. Pour la première fois, Matsumoto s’attaque à un des genres les plus populaires et codifiés du cinéma japonais, le film de samouraïs, régulièrement soumis à de nouvelles variations postmodernes ou néoclassiques (chez Kitano ou récemment Takashi Miike par exemple.) Kanjuro Nomi est un samouraï sans sabre, répudié par tous et errant misérablement sur les routes avec sa fille depuis qu’il a refusé de combattre et abandonné son maître.
Tombé entre les mains d’un seigneur aux désirs excentriques, il doit relever un défi cruel. Il a trente jours pour provoquer un sourire sur le visage mélancolique d’un petit prince, à raison d’une tentative quotidienne durant des festivités. S’il échoue, il sera condamné à se faire « seppuku », soit un suicide rituel par éventration au sabre. Matsumoto reste fidèle à son humour absurde et à son goût de la construction en sketches, mais il décide d’adopter le registre du film pour enfants, avec une belle relation entre un père et sa fille, cruelle et inversée, et même du mélodrame, avec une fin très émouvante. Après la dérision et la sidération, place à l’émotion. On pense cette fois-ci à Jerry Lewis, le clown qui voulait faire pleurer. Cela n’empêche pas des scènes hallucinantes à la limite du bon sens et du bon goût qui évoquent parfois un Jackass en costumes. C’est aussi la première fois que Matsumoto ne joue pas dans un de ses films, préférant confier le rôle principal du samouraï sans sabre à un acteur non professionnel, Takaaki Nomi, pauvre ère découvert à l’occasion de ses émissions de télévision où il s’amuse avec des personnes choisies dans la rue. Plus classique en apparence que les deux précédents films de Matsumoto, mais aussi plus accompli sur le plan formel, Saya Zamurai n’en demeure pas moins un projet fou, dans sa conception et sa réalisation, puisque Takaaki Nomi, ignorait qu’il jouait dans un film pendant la moitié du tournage.

Catégories : Sur ARTE

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