Rival élégant et médiéval de Godzilla, Majin était un beau monstre qui a marqué de son empreinte le cinéma fantastique japonais des années 60, le temps de trois films magnifiques tournés la même année, 1966. Un coffret blu-ray édité par Le Chat qui fume permet de redécouvrir ces splendeurs du cinéma à grand spectacle.
Mise en chantier par le studio Daei pour concurrencer la série des « Godzilla » produite par la firme rivale Toho, la trilogie des « Majin » organise la rencontre du film à costumes (« jidaï geki ») et du film de grands monstres (« kaiju eiga ».) Croisement entre un golem géant et une statue de samouraï, Majin est une divinité de pierre protectrice de la montagne et des paysans, régulièrement dérangée dans son sommeil par la folie sacrilège des seigneurs de guerre et les prières des villageois persécutés. Dans le premier épisode sobrement intitulé Majin (Daimajin) et réalisé par Kimiyoshi Yasuda, Majin trône au sommet d’une montagne. Dans le deuxième, Le Retour de Majin (Daimajin ikaru), il siège dans une grotte aquatique tandis que le troisième, Le Combat final de Majin (Daimajin gyakushû) de Kazuo Mori se déroule entièrement sous la neige. À chaque fois, les images en scope couleur subliment la beauté des paysages naturels, la mise en scène est élégante et les effets spéciaux brillent par leur poésie. Dans Le Retour de Majin (peut-être le meilleur des trois) du grand Kenji Misumi, les eaux d’un lac s’ouvrent sur le passage du dieu en colère dans une scène qui évoque le fameux partage de la Mer Rouge des Dix Commandements de Cecil B. DeMille. Les trois films répondent au même principe : les deux premiers tiers sont consacrés aux intrigues et complots de palais, le dernier au réveil de Majin qui détruit tout sur son passage et écrabouille les vilains. Le message écologique à l’instar de Godzilla est également au cœur de ces fleurons du fantastique nippon. Il ne s’agit pas ici d’une mise en garde contre le péril atomique mais d’une glorification élégiaque de la nature sauvage.
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