Olivier Père

L’Autre Côté de l’espoir de Aki Kaurismäki

ARTE diffuse mercredi 8 mai à 23h30 L’Autre Côté de l’espoir (Toivon tuolla puolen) réalisé en 2017 par Aki Kaurismäki. Le film sera aussi disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant un mois sur ARTE.tv à compter de sa diffusion. Deux destinées se croisent dans ce conte à l’humour pince sans rire : celle d’un homme dans la force de l’âge qui repart à zéro et rachète un restaurant, et celle d’un jeune réfugié syrien échoué à Helsinki. Khaled (formidablement interprété par Sherwan Haji) a fui les bombardements d’Alep et a traversé l’Europe avec sa sœur qu’il a perdu en route. Il a rejoint la Finlande caché dans la soute d’un cargo charbonnier. Ce personnage ne connait pas d’équivalent dans le cinéma contemporain. Son élégance et sa noblesse naturelles, même lorsqu’il est plongé dans une mouise totale et affronte les situations les plus humiliantes, n’est pas sans évoquer le vagabond immortalisé par Charles Chaplin, avec en plus un air lunaire et doux à la Harry Langdon. Kaurismäki tord le cou aux clichés du mélodrame social et signe une magnifique leçon d’amitié et de solidarité. Après Le Havre, L’Autre Côté de l’espoir est le deuxième volet d’une trilogie portuaire inachevée qui se révèle plus frontalement politique que les films précédents de Kaurismäki. Le cinéaste finlandais choisit une nouvelle fois d’aborder la question des migrants fuyant la guerre pour chercher asile en Europe. Mais il le fait à sa manière, inimitable. Kaurismäki préfère raconter une histoire humaine avec poésie et tendresse, plutôt que d’illustrer un sujet d’actualité. Aki Kaurismäki est un grand stylise attentif au moindre détail, qui soigne les cadres et les couleurs de ses films. L’Autre côté de l’espoir a l’allure d’un petit théâtre où vêtements, mobilier et voitures possèdent un délicieux charme rétro. L’Autre côté de l’espoir a remporté l’ours d’argent de la mise en scène à la Berlinale. Le cinéaste a annoncé qu’il prenait sa retraite après ce film. Faut-il vraiment le croire ? Dans l’éventualité d’un adieu cinématographique, Aki Kaurismäki a peut-être conclu son œuvre sur une note mélancolique, et bouleversante.

 

Catégories : Coproductions · Sur ARTE

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