Olivier Père

Francofonia, le Louvre sous l’Occupation de Alexandre Sokourov

L’essai cinématographique entend énoncer des idées ou des réflexions par l’image et le son, ou par un assemblage audiovisuel beaucoup plus hétérogène, comme c’est le cas dans Francofonia, le Louvre sous l’Occupation (2013) du cinéaste russe Alexandre Sokourov. Ce n’est pas la première fois que Sokourov consacre un film à un musée, ni qu’il s’interroge sur la place de l’art et de la culture dans l’histoire, comme éléments constitutifs d’un peuple ou d’une nation. Il le fait ici de manière inédite dans son cinéma, loin des œuvres monumentales et élégiaques qui firent sa réputation, en adoptant une forme hybride, véritable patchwork qui accueille aussi bien la reconstitution historique que le documentaire, les images d’archives que les effets spéciaux numériques, la figure allégorique de Marianne, Napoléon et les visiteurs d’aujourd’hui, passant du passé au présent, de Skype aux compositions sophistiquées du directeur de la photographie Bruno Delbonnel, qui avait déjà travaillé avec Sokourov sur Faust. Différentes textures et natures d’images, comme un carnet de notes et de croquis, avec la voix de Sokourov qui résonne comme une litanie, pour évoquer l’importance de la préservation du patrimoine artistique, de l’Europe, mais aussi la relation entre deux hommes de bonne volonté dans des camps adverses mais qui vont pourtant sauver les trésors du Louvre et quelques-unes des œuvres spoliées aux Juifs par les Nazis, Jacques Jaujard (directeur des Musées Nationaux durant la Seconde Guerre mondiale) et le comte Franz Wolff-Metternich (responsable de 1940 à 1942 du « Kunstschutz ») respectivement interprétés par Louis-Do de Lencquesaing et Benjamin Utzerath. Le propos de Sokourov dans Francofonia, le Louvre sous l’Occupation trouve un écho direct dans notre époque, où l’art et la culture sont encore la cible de la barbarie, ou d’une forme plus insidieuse de dévalorisation.

Francofonia, le Louvre sous l’Occupation sera diffusé dans la nuit du 1er au 2 mai à 0h30 sur ARTE. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant sept jours sur le site ARTE.tv.

Catégories : Coproductions · Sur ARTE

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