Olivier Père

À bout de souffle de Jean-Luc Godard

ARTE consacre la soirée du mercredi 24 avril à Jean-Luc Godard avec la diffusion de son premier long métrage À bout de souffle (1960) à 20h55 suivi de son dernier film en date, Le Livre d’image, Palme d’or spéciale au Festival de Cannes en 2018. À bord d’une voiture volée, Michel Poiccard (Jean-Paul Belmondo) abat un motard, puis retrouve à Paris Patricia (Jean Seberg), une jeune Américaine dont il est amoureux. À partir d’une histoire simple, Godard réalise un film révolutionnaire qui l’impose comme le cinéaste le plus emblématique de la Nouvelle Vague. À bout de souffle imagine une autre façon de faire du cinéma. Le directeur de la photographie Raoul Coutard met son expérience de reporter de guerre au service d’un tournage dans les rues de Paris, et filme en lumière naturelle avec une caméra très mobile, placée sur une chaise roulante ou dans le coffre d’une camionnette. Godard, plutôt que de supprimer des séquences, décide au moment du montage de couper à l’intérieur des plans, inventant par la même occasion le « jump cut ». À bout de souffle est dédié à la Monogram Pictures, compagnie américaine spécialisée dans les séries B, parmi lesquelles Le Démon des armes (Gun Crazy), film noir mythique de Joseph H. Lewis auquel Godard rend hommage en citant le long plan séquence du hold-up filmé de la banquette arrière d’une voiture. Le jeune Godard ne s’est pas encore affranchi d’une forme de fétichisme de cinéphile. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles le cinéaste a fini par renier, ou dénigrer ses films des années 60, leur préférant des créations affranchies d’une certaine tradition cinématographique, plus libres et poétiques.

Aux côtés de Jean Seberg, Jean-Paul Belmondo apporte sa décontraction et son charme à l’aventure d’À bout de souffle, dont il est la grande révélation. Il n’y a pas que des références américaines dans À bout de souffle. Certes, le personnage de Belmondo fait allusion à Bogart et à la marque de la mort sur son visage triste. Mais Michel Poiccard rejoint aussi les héros tragiques interprétés par Jean Gabin dans ses films d’avant-guerre. Séduit par les méthodes de travail de Godard, le jeune acteur participe au vent de liberté qui souffle sur le film et balaie toutes les habitudes du cinéma français de la décennie précédente. Il ne faudrait pas l’oublier, À bout de souffle a aussi inventé une nouvelle star masculine.

 

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