Olivier Père

Les Plages d’Agnès de Agnès Varda

Afin de rendre hommage à Agnès Varda, disparue le vendredi 29 mars à l’âge de 90 ans, ARTE bouleverse ses programmes et rediffuse plusieurs de ses films. Lundi 1er avril à 13h35 on pourra revoir Sans toit ni loi et à 20h55 Les Plages d’Agnès (2008), son essai documentaire où elle vagabonde au fil de ses souvenirs. Si Varda par Agnès était tourné vers la transmission, et Visages, Villages vers l’idée de rencontre, Les Plages d’Agnès est un film introspectif dans lequel Agnès Varda avance à reculons – littéralement – sur les plages de la mémoire. Le grand talent d’Agnès Varda cinéaste, c’était d’avoir des idées. Et de mettre ses idées dans ses images. C’est la raison pour laquelle Varda a souvent procédé par collages, assemblages, adepte du coq à l’âne visuel et des télescopages surréalistes. Agnès Varda se raconte, de l’enfance à la vieillesse – ne pas rater le prologue des 80 balais offerts pour son anniversaire – en mêlant la vie et l’art, l’amour et le cinéma, avec les plages comme leitmotiv. Stendhal définissait le roman comme un miroir qu’on promène le long d’un chemin. Dans Les Plages d’Agnès, la cinéaste plante des miroirs dans le sable d’une plage, et attend que la mer monte pour tout emporter. Pourtant ni son dispositif ni son projet ne possèdent une once de narcissisme. Même lorsqu’elle entreprend un autoportrait cinématographique, Varda ne peut s’empêcher de consacrer son film aux autres, à toutes les rencontres qui ont marqué son existence – de Jean Vilar à Jacques Demy, des glaneurs aux acteurs de ses films et à une foule d’anonymes, amis ou voisins. Cela transforme Les Plages d’Agnès en film hommage, avec la mort (des bien-aimés) qui s’invite trop souvent.

Ceux qui ont vu ses films le savent. Ceux qui l’ont rencontré aussi. Agnès Varda était une pionnière, une figure majeure du cinéma moderne, mais c’était avant tout une boule d’énergie toujours tournée vers l’avenir, la création et les nouveaux projets.

Un bouillonnement d’intelligence, d’imagination et de pensée poétique l’animait en permanence. Photographe, cinéaste, artiste, elle a inventé jusqu’au bout des œuvres accueillantes, ouverte sur la vie et les autres, d’une curiosité insatiable, gourmande de rencontres, capable de voir la beauté partout où elle se cache, surtout lorsqu’elle se trouve au coin de la rue. Ses films continueront d’enchanter, d’émouvoir et de passionner, son travail demeurera un exemple stimulant pour les générations présentes et futures.

Sur ARTE.tv, Varda par Agnès (deux leçons de cinéma en forme de causeries), Cléo de 5 à 7, Sans toit ni loi et Les Plages d’Agnès seront disponibles gratuitement pendant plusieurs semaines en télévision de rattrapage, agrémentés de nombreux documents filmés.

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