Olivier Père

Un homme qui me plaît de Claude Lelouch

Dans le cadre de sa soirée Jean-Paul Belmondo ARTE diffuse lundi 7 janvier à 22h25 Un homme qui me plaît, réalisé en 1969 par Claude Lelouch.

A l’occasion d’un tournage aux États-Unis, une actrice et un compositeur deviennent amants. Claude Lelouch aborde à sa manière le thème de l’adultère. Un homme qui me plaît est un film faussement frivole. L’ambiance joyeuse et décontractée du début se teinte progressivement de gravité jusqu’à une conclusion poignante, avec un plan magnifique sur le visage expressif d’Annie Girardot. Lelouch signe un film qui semble l’antithèse de son premier grand succès, Un homme et une femme. Il ne s’agit plus d’exalter les vertus réparatrices d’une rencontre amoureuse qui débouche sur la naissance d’un couple, mais au contraire de broder autour d’une liaison sans avenir, entre une femme et un homme trompant leurs conjoints respectifs, sans rien occulter des mensonges, goujateries et autres conséquences désastreuses. Le musicien interprété par Belmondo est un enfant gâté qui use et abuse de son pouvoir de séduction, n’a pas peur de se montrer tel qu’il est : mufle, égoïste, jouisseur, hypocrite. Lelouch s’amuse à portraiturer un macho décomplexé avec la complicité de l’acteur, qui n’a pas peur de jouer avec son image et sa propre personnalité.

Un homme qui me plait à des allures de films de vacances. Lelouch embarque deux grandes vedettes du cinéma français, Annie Girardot et Jean-Paul Belmondo, dans un voyage à travers les paysages américains, de New York à Los Angeles en passant par Las Vegas, en avion ou en voiture, avec des clins d’œil au western. La fascination pour l’Amérique et les épisodes ludiques laissent percer une forme de scepticisme devant la vulgarité et les attraits dérisoires des grandes métropoles clignotantes.

On voit au début d’Un homme qui me plaît le personnage interprété par Jean-Paul Belmondo enregistrer la musique d’un film dans un auditorium. Certaines scènes, par leur aspect documentaire, montrent le travail d’un musicien embauché pour écrire une colonne sonore pour une production commerciale. Les superbes mélodies de Francis Lai, tour à tour guillerettes ou mélancoliques, participent au charme fou de cette brève histoire d’amour, l’une des grandes réussites de Claude Lelouch. La diffusion de ce film nous permet de saluer la mémoire de Francis Lai, compositeur fétiche de Lelouch, disparu le 7 novembre 2018. Et aussi de signaler la parution d’un beau livre sur Jean-Paul Belmondo, « Plus Bébel la vie », aux éditions Marabout.

 

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Un commentaire

  1. Philippe Méziat dit :

    Le plus grand paradoxe de ce film émouvant (Annie Girardot) c’est qu’il exalte la musique de diverses manières : Belmondo joue le rôle d’un compositeur de musique de film,( la musique de Francis Lai est très réussie) et en même temps sont occultés des éléments essentiels comme : le nom de cette chanteuse de blues édentée, les noms des musiciens. de la Nouvelle-Orléans qui l’accompagnent, le nom des musiciens N-O qu’on entend beaucoup dans les scènes tournées à N.O. Louisiana, etc. Le générique est actuellement coupé du film lui-même ce qui est dommage. Bref, une fois de plus au cinéma, la musique est UTILISÉE ans vergogne et au mépris de ceux qui la font ou la jouent.

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