Olivier Père

Le Signe de la croix de Cecil B. DeMille

Elephant Films propose en DVD et Blu-ray en version restaurée HD six chefs-d’œuvre de Cecil B. DeMille produits pour la Paramount entre 1932 et 1947. DeMille, auteur d’une filmographie cinéaste génial qui vaut mieux que sa réputation de maître du pompiérisme cinématographique. Ses meilleurs films appartiennent à sa période muette – mélodrames mondains et fresques historiques – ou à la dernière partie de sa carrière, vouée à des superproductions rutilantes – mais ces six films viennent rappeler que le début du parlant et les années 40 recèlent également des titres magistraux. Si DeMille a toujours mis en scène des films spectaculaires et divertissants, il a également été un immense créateur, porté par une vision rocambolesque de l’Histoire et de l’action, mais surtout par l’exaltation des sentiments élémentaires. DeMille demeure le chantre d’un cinéma lyrique, plus grand que nature, et en même temps profondément humain, tourné tout entier vers l’universalité.

Le Signe de la croix (The Sign of the Cross, 1932) est sans doute ce qui s’est fait de plus baroque dans le registre du péplum biblique, genre que DeMille avait déjà abordé avec succès avec Les Dix Commandements et Le Roi des rois. Cette fois-ci, DeMille s’inspire d’une pièce de Wilson Barrett écrite en 1895. Alors que les Chrétiens sont la cible de la vindicte de Néron (Charles Laughton), Marcus Superbus, le préfet de Rome (Fredric March), tombe amoureux de l’une d’entre eux, Mercia (Elissa Landi). Il faut voir Charles Laughton au sommet de sa forme dans le rôle de l’Empereur mégalomane Néron, et Claudette Colbert ravie d’interpréter Poppée, « la plus vicieuse de toutes les femmes » dixit DeMille. Avant l’application du Code Hays en 1934, censé défendre les valeurs morales contre la décadence hollywoodienne, le cinéaste se déchaîne et multiplie, sous prétexte de glorifier le martyre de Chrétiens, les épisodes sadiques et sensuels : inoubliable nudité de Claudette Colbert lors de ses ablutions dans une piscine remplie de lait d’ânesse, allusions sexuelles dans les dialogues et les situations, vierges chrétiennes enchaînées et livrées en pâture aux gorilles et aux crocodiles dans l’arène, combats sanguinaires de gladiateurs avec des nains et des Amazones.

Au milieu de ce délire grandiloquent et parfois hallucinant de violence et d’érotisme, DeMille parvient à nous bouleverser. Ainsi cette scène où un bourreau à la carrure bestiale témoigne soudain de compassion et prend soin du jeune chrétien qu’il vient de torturer sous les ordres d’un cruel centurion romain. Ce n’est pas une vedette qui nous bouleverse dans cette scène où intervient le charismatique Fredric March, mais les gestes et les expressions muettes d’un simple acteur de complément. DeMille savait glorifier la beauté des stars, surtout féminines (Claudette Colbert tellement sexy) mais il savait aussi filmer les foules et les figurants, leur conférer une humanité réelle, véritable chœur de ses mises en scène grandioses.

 

Six films de Cecil B. DeMille en combos Blu-ray et DVD : Le Signe de la croix (1932), La Loi de Lynch (1933), Cléopâtre (1934), Les Tuniques écarlates (1940), Les Naufrageurs des mers du Sud (1942), Les Conquérants d’un nouveau monde (1947).

Fredric March et Claudette Colbert dans Le Signe de la croix de Cecil B. DeMille

Fredric March et Claudette Colbert dans Le Signe de la croix de Cecil B. DeMille

 

 

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