Olivier Père

Cannes 2018 Jour 4 : Samouni Road de Stefano Savona (Quinzaine des Réalisateurs)

Stefano Savona est un documentariste italien, archéologue de formation, né à Palerme en 1969. Son œuvre qu’on pourrait qualifier d’immersive (Carnets d’un combattant kurde, Plomb durci, Palazzo delle Aquile, Tahrir, Place de la Libération) a été salué et primé dans plusieurs festivals, notamment Le Cinéma du Réel et Locarno. Son nouveau film est le fruit de plusieurs années de travail, et d’une longue réflexion sur le montage. Avec Samouni Road, Stefano Savona offre au cinéma documentaire pas moins que de nouvelles pistes pour un langage cinématographique qui ne s’assigne pas seulement à l’enregistrement pur du réel, et cherche à représenter l’imaginaire, les souvenirs et les rêves.

La route des Samouni se trouve dans la périphérie rurale de la ville de Gaza City. Elle tire son nom de la famille élargie Samouni, une communauté de paysans miraculeusement épargnée par soixante ans d’occupations et de guerres jusqu’en janvier 2009 lorsque, pendant l’offensive terrestre de l’opération israélienne « Plomb durci », vingt-neuf de ses membres périssent dans des circonstances dramatiques.

Le film mêle le tournage documentaire à des séquences d’animations (en noir et blanc, et au graphisme magnifique) confiées à Simone Massi, restituant en images l’inconscient, des épisodes passés ou des bribes de souvenirs des protagonistes. À travers ce dialogue entre la mémoire et le présent, Stefano Savona dresse un portrait de cette communauté de paysans avant, pendant et après l’événement qui a changé leur vie à jamais. Le dernier acte du film montre le risque inévitable de la récupération par les groupes politiques islamistes de la mort de plusieurs membres de la famille Samouni devenus des martyrs de la cause palestinienne. Le choix de Savona de reconstituer par d’étranges images spectrales filmées du ciel l’opération militaire de Tsahal, loin de constituer une orientation partisane ou une manipulation de la vérité, témoigne de sa volonté d’assigner au cinéma une responsabilité puissante. Penser son film comme témoignage, respecter absolument la véracité des faits mais le charger d’une force évocatrice et pourquoi pas d’une poésie qui dépasse la simple enquête.

Samouni Road de Stefano Savona

Samouni Road de Stefano Savona

 

 

 

Catégories : Actualités · Coproductions

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