Olivier Père

Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel

ARTE diffuse lundi 18 mars à 22h40 Cet Obscur Objet du désir de Luis Buñuel, réalisé en 1977. Cet obscur objet du désir est le 32ème et dernier film de Luis Buñuel. Comme d’autres artistes liés au surréalisme, le cinéaste espagnol a toujours témoigné un vif intérêt pour la littérature fin de siècle (Huysmans, Mirbeau, Bloy, Louÿs) Fidèle à ses lectures de jeunesse, il cinéaste adapte La femme et le pantin de Pierre Louÿs, publié en 1898 et préalablement porté à l’écran par Reginald Barker (1920), Jacques de Baroncelli (1929), Josef von Sternberg (1935), Wali Eddine Sameh (1946) et Julien Duvivier (1959). Cette dernière adaptation, particulièrement ratée, devait au départ être mise en scène par Buñuel qui avait quitté le projet, en désaccord avec le choix du producteur d’engager Brigitte Bardot pour interpréter le rôle féminin principal – il souhaitait le confier à Mylène Demongeot.

Cet obscur objet du désir est l’histoire d’amour fou entre un riche bourgeois d’âge mûr, Mathieu (Fernando Rey, l’alter ego du cinéaste), et l’ensorcelante Conchita qui se refuse à lui. Le film permet à Buñuel d’aborder une ultime fois un thème qui traverse toute son œuvre : la puissance du désir et son empêchement.

Buñuel a confié le rôle de Conchita à deux actrices débutantes qui apparaissent en alternance : la sublime et distante Carole Bouquet et la sensuelle Angela Molina. Ce choix s’explique par le remplacement de Maria Schneider après quelques jours de tournage. Buñuel aimait raconter que des spectateurs ne s’étaient même pas aperçus de cette étrangeté. Cet artifice souligne la duplicité du personnage de Conchita. Il laisse entendre que Matthieu n’est pas obsédé par une femme en particulier, mais par son propre désir. Le film n’est pas sans rappeler Vertigo. Au-delà d’une admiration réciproque Hitchcock et Buñuel partageaient plusieurs obsessions et motifs visuels, notamment liés à la sexualité, qu’ils aimaient glisser dans leur œuvre.

Cet obscur objet du désir est un adieu au cinéma mais aussi à la société moderne, avec laquelle Buñuel prend ses distances. Le film ressemble à un rêve ou un cauchemar, condamné à se répéter. Le cinéaste parsème son récit d’images surréalistes, tandis que le monde réel surgit de manière angoissante, avec la récurrence d’attentats terroristes.

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