Olivier Père

Ju Dou de Zhang Yimou

ARTE diffuse Ju Dou (1990) de Zhang Yimou lundi 2 octobre à 22h40, en version restaurée. Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur le site d’ARTE. Le Sorgho rouge (1987) premier long métrage de Zhang Yimou et Terre jaune (1984) premier long métrage de Chen Kaige sont les deux films fondateurs de la « cinquième génération. » On désigne sous ce terme les premiers étudiants qui sortent diplômes de l’académie de cinéma de Pékin en 1982. Les chefs de file de la « cinquième génération » sont Chen Kaige et Zhang Yimou qui possède une formation de directeur de la photographie. Si la « cinquième génération » a réinventé le cinéma chinois, c’est aussi en lui permettant d’accéder pour la première fois de son histoire à une reconnaissance mondiale instantanée, grâce à de nombreuses récompenses obtenues dans les grands festivals internationaux, et aux succès commerciaux de certains films à l’étranger. Ces films s’inscrivent clairement dans un retour aux racines chinoises, avec des histoires rurales ancrées dans les traditions ancestrales, à l’opposée de l’idéologie communiste. Ils critiquent aussi bien la féodalité impériale que la Révolution culturelle. Les débuts de la carrière de Zhang Yimou l’imposent d’emblée comme un esthète de l’image, de la couleur et du cadre. Son cinéma s’inspire de la calligraphie et de l’opéra chinois. Ses personnages sont des signes, comme des idéogrammes sur une toile, à la fois symboles, corps et idées. Le moindre mouvement est chorégraphié. Cette recherche de la beauté permanente et du symbolisme n’exclut pas la dimension émotionnelle d’un film comme Ju Dou, à la cruauté exacerbée. Ju Dou se déroule dans la campagne chinoise des années 20. Le patron d’une fabrique de tissus torture chaque nuit sa belle et jeune épouse qu’il accuse de ne pas lui donner d’héritier, alors qu’il est impuissant. La jeune femme va se donner au neveu de son maître, et tomber enceinte de son amant. Le thème de la femme opprimée et martyrisée par une société machiste et archaïque traverse la filmographie de Zhang Yimou première période. Ses héroïnes sont des victimes mais aussi des combattantes capables d’une grande violence pour échapper à leur condition. Ju Dou se venge du vieillard sadique qui l’a achetée et accède enfin au plaisir sensuel dans les bras de son amant, mais le destin finira par briser cet éphémère bonheur. Il faut reconnaître à Zhang Yimou un certain génie de scénographe. Les corps et les tissus, les teintures se mêlent avec une virtuosité extraordinaire. Mais dans Ju Dou il témoigne aussi d’un vrai talent de dramaturge, en convoquant les dieux et la loi des hommes qui vont contrarier l’amour passionnel et interdit du couple illégitime. Les premiers films de Zhang Yimou sont indissociables de Gong Li, égérie et compagne du cinéaste. L’actrice chinoise s’y révèle sublime et bouleversante. Ju Dou compte parmi les plus grands rôles de Gong Li, dont la beauté époustouflante ne doit pas faire oublier les talents de tragédienne.

Gong Li dans Ju Dou de Zhang Yimou

Gong Li dans Ju Dou de Zhang Yimou

Gong Li dans Ju Dou de Zhang Yimou

Gong Li dans Ju Dou de Zhang Yimou

 

 

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