Olivier Père

La Demoiselle d’honneur de Claude Chabrol

ARTE salue Claude Chabrol en diffusant trois de ses films en février : Betty, L’Enfer et La Demoiselle d’honneur. C’est ce dernier titre, réalisé en 2004, qui ouvre le bal lundi 13 février à 20h55. Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours, sur ARTE+7.

La Demoiselle d’honneur est l’adaptation d’un roman de Ruth Rendell, écrivaine britannique dont Chabrol avait déjà porté à l’écran L’Analphabète (La Cérémonie en 1995). Malgré son ambiance provinciale et ses signes chabroliens de reconnaissance, La Demoiselle d’honneur s’écarte des nombreuses histoires criminelles déjà filmées par le cinéaste depuis les années 60. Chabrol délaisse l’étude de la bourgeoisie et la critique sociale – sous-jacentes mais non centrales dans le film – pour s’intéresser au récit d’une obsession amoureuse et d’une lente plongée dans la folie. Chabrol avait coutume de dire qu’il construisait toujours deux niveaux à l’intérieur de chacun de ses longs métrages : le « film apparent » destiné à satisfaire le public amateur d’histoires policières ou psychologiques, et le « film intérieur » où s’exprimerait l’intention véritable de son auteur. La Demoiselle d’honneur n’échappe pas à cette règle et s’avère détenteur d’un mystère : Benoît Magimel y interprète un célibataire en apparence rangé, mais qui entretient un rapport trouble avec la féminité. Encerclé par une mère trop aimante et deux petites sœurs espiègles, c’est sur une tête de statue de nymphe que se fixe son désir et son amour idéalisés, dans l’intimité de sa chambre à coucher. A ce secret fétichiste va se substituer une relation passionnelle et tout aussi confidentielle avec une fascinante jeune femme (Laura Smet), qui va se révéler une mythomane aux pulsions criminelles. Le lieu de leurs rencontres sensuelles, la cave aménagée d’une vieille demeure, souligne le rapport du film avec l’inconscient et le cinéma d’Alfred Hitchcock. Chabrol balaie l’univers banal et quotidien de son film pour s’engager dans une dimension parallèle fantastique, où la fiction ne répond plus qu’aux fantasmes de son couple d’amants maudits. Avec La Demoiselle d’honneur, Claude Chabrol signe l’un de ses plus troublants portrait de femmes, et une plongée vertigineuse dans les mystères d’une âme.

 

 

 

 

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