Olivier Père

Paulina de Santiago Mitre

Primé à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes l’année dernière, Paulina (La Patota) sort mercredi 13 avril sur les écrans français, distribué par Ad Vitam.

Découvert en 2011 avec El estudiante ou récit d’une jeunesse révoltée, premier long métrage aux accents balzaciens qui s’intéressait aux arcanes de l’engagement politique et du militantisme estudiantin, le cinéaste argentin Santiago Mitre – ancien scénariste de Pablo Trapero – confirme avec son second film un talent et une ambitions singulières, n’ayant pas peur de se confronter à des questions éthiques au travers de fictions romanesques ancrées dans le contexte de la société argentine moderne.

« Paulina, 28 ans, décide d’abandonner une carrière d’avocate à Buenos Aires pour aller enseigner dans une région défavorisée. Peu de temps après son arrivée, elle est agressée par une bande de jeunes. Violée, elle découvre bientôt qu’elle est enceinte. Un temps dévastée, Paulina va tenter de rester fidèle à son idéal social. »

Paulina de Santiago Mitre

Paulina de Santiago Mitre

Paulina (La Patota, titre original d’après le nom de la région où se déroule l’action et où personne n’aura envie de passer ses vacances après avoir vu le film) est l’histoire du cheminement moral d’une jeune femme en quête d’engagement, qui conteste un héritage politique incarné par son propre père, un puissant juge de la région qui a renoncé à ses idéaux gauchistes de jeunesse. C’est justement cet embourgeoisement que Paulina refuse, en choisissant d’aller s’installer dans une des zones les plus dangereuses du pays, malgré la désapprobation et l’incompréhension de son père et de son fiancé.

Paulina est le remake d’un film homonyme réalisé en 1960 par Daniel Tinayre. Un titre populaire et important du cinéma argentin – même si Mitre avoue qu’il ne l’avait pas vu avant d’en recevoir le projet d’adaptation – qui osait aborder un viol et des problèmes sociaux. Sans connaître ce film inédit dans nos contrées, on peut sans risque imaginer que Mitre s’en est éloigné pour élaborer, avec la complicité de son actrice Dolores Fonzi (photo en tête de texte), remarquable, un personnage féminin complexe et fascinant, dont l’obstination touche à l’irrationnel et à la folie. Il y a du mystère dans cette croisade personnelle, à la recherche de soi-même dans la souffrance et le sacrifice. Mitre se situe au-delà du discours social, comme Paulina est au-delà de la bonne conscience et du militantisme. Paulina devient alors une fresque sur le thème de la croyance et rejoint un autre film, bien plus célèbre que celui de Tinayre, Europe 51 de Roberto Rossellini et son personnage de sainte laïque interprétée par Ingrid Bergman, véritable source d’inspiration de Mitre pour son héroïne.

 

 

Catégories : Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *