Dans le cadre de son « printemps du polar » ARTE diffuse La Cité sans voiles (The Naked City, 1948) de Jules Dassin lundi 28 mars 22h10. Le film sera également visible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE+7.
La Cité sans voiles appartient à la période la plus fertile de la carrière de Jules Dassin, avec une suite ininterrompue de grandes réussites entre 1947 et 1955 : Les Démons de la liberté, La Cité sans voiles, Les Bas-fonds de Frisco, Les Forbans de la nuit, Du rififi chez les hommes, ces deux derniers titres ayant été tournés respectivement à Londres et à Paris, à la suite de l’exil forcé de Dassin, accusé d’avoir brièvement adhéré au Parti Communiste américain à la fin des années 30 par le Comité des activités anti-américaines.
Ces cinq longs métrages sont devenus des classiques du film noir, et participent à une approche documentaire et sociologique du genre. Le personnage principal de La Cité sans voiles est la ville de New York, avec sa photogénie, son cosmopolitisme et son incroyable densité humaine. Le film a été entièrement tourné en décors naturels, loin des studios hollywoodiens. Il débute par de magnifiques prises de vues documentaires de New York, avec un générique parlé – aucun crédit n’apparait sur l’écran, pratique totalement inhabituelle qui affiche d’emblée la singularité du film de Dassin. Une voix-off omnisciente va accompagner le déroulement du récit. De la multitude d’histoires qui survient chaque jour dans la « ville qui ne dort jamais », les auteurs décident d’en raconter une, dans ses moindres détails : l’enquête sur le meurtre sordide – maquillé en suicide – d’une jeune femme seule, victime de ses mauvaises fréquentations. Le style reportage concerne autant les multiples aspects de l’enquête (police scientifique, rapport d’autopsie, interrogatoires, filatures) que les différentes ambiances urbaines et caractères que les policiers croisent dans la journée, sans oublier de brefs moments de vie familiale pour ceux qui en ont une. La dernière partie du film nous offre une trépidante chasse à l’homme, une nouvelle fois prétexte à sublimer les rues et perspectives de Manhattan, dans un superbe noir et blanc qui vaudra un Oscar au directeur de la photographie William H. Daniels. Dans le rôle du détective Dan Muldoon, doté d’une longue expérience et d’une perspicacité bonhomme, on retrouve avec plaisir l’acteur irlandais Barry Fitzgerald, connu pour ses interprétations truculentes dans plusieurs chefs-d’œuvre de John Ford.
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