ARTE diffuse Le Secret de la pyramide (Young Sherlock Holmes, 1985) de Barry Levinson lundi 14 mars à 20h55 dans le cadre de son printemps du polar.
« À Londres en 1870, le jeune John Watson fait son entrée dans sa nouvelle école, Brompton Academy. Il y rencontre un adolescent à l’esprit de déduction très développé : un certain Sherlock Holmes. Ils se lient d’amitié et Holmes lui présente son mentor, le professeur Waxflatter, un enseignant à la retraite devenu inventeur qui habite toujours dans l’école. Il lui présente également la nièce de celui-ci, Elizabeth, dont il est amoureux. »
Faut-il être américain pour proposer une lecture iconoclaste du célèbre détective de Baker Street né sous la plume de Sir Arthur Conan Doyle ? De la même manière que Billy Wilder et son scénariste I. A. L. Diamond imaginaient en 1970 une aventure inédite d’un Sherlock Holmes fatigué sous l’emprise de la drogue, Barry Levinson et Chris Columbus remplissent en 1985 les pages blanches de l’adolescence de Holmes, sa rencontre avec son fidèle ami Watson sur les bancs de l’école et leur première enquête. Cette initiative, malgré les libertés qu’elle prend avec l’œuvre de Conan Doyle, est plus respectueuse que blasphématrice. Elle nous permet de retrouver les principaux personnages du romancier écossais avec une quinzaine d’années de moins, pour une aventure inaugurale et fondatrice qui éclaire la figure de Holmes et explique sa solitude et sa mélancolie.
L’intégralité de la distribution est britannique et le film fut entièrement tourné en Grande-Bretagne, en extérieurs et dans les studios d’Elstree. La direction artistique est de toute beauté et fait revivre avec beaucoup de relief les quartiers de Londres à l’époque victorienne. L’ambiance du film, son classicisme assumé permettent d’évoquer les productions Hammer des années 50 et 60 qui demeurent une référence absolue en matière de fantastique anglo-saxon. Le Secret de la pyramide est aussi caractéristique de l’esthétique de Amblin Entertainement, société de production créée par Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Frank Marshall en 1981qui a imposé une certaine idée du divertissement d’aventure et de science-fiction destiné aux adolescents. Le Secret de la pyramide obtint beaucoup moins de succès au moment de sa sortie que d’autres productions Amblin comme Gremlins ou Retour vers le futur car il était sans doute trop déroutant pour le jeune public américain : trop orienté vers le passé, la culture européenne, trop sombre et triste dans son dénouement. Spielberg et ses associés ont sans doute pensé à Indiana Jones pour imaginer cette aventure où les jeunes héros affrontent une terrifiante secte adoratrice d’un dieu égyptien, pratiquant des sacrifices humains en plein cœur de Londres. Symptomatique de l’intérêt de Spielberg pour les nouvelles technologies, Le Secret de la pyramide fut le premier film à bénéficier d’un personnage entièrement en images de synthèse (le chevalier qui sort du vitrail), conçu par le studio de George Lucas Industrial & Magic, bien avant le robot de Terminator 2 et les dinosaures de Jurassic Park. Les autres trucages mettant en scène des créatures qui apparaissent lors de séquences d’hallucinations renouent avec la poésie des films de Ray Harryhausen et leurs monstres animés image par image.
Subtil mélange de charme rétro et d’effets spéciaux de pointe (pour les années 80 !), spectacle familial porté par un vrai souffle romanesque Le Secret de la pyramide a fini par gagner la sympathie des cinéphiles et des amateurs de Sherlock Holmes. Parmi une énorme quantité d’adaptations plus ou moins fidèles, le film de Barry Levinson compte parmi les variations les plus originales, émouvantes et séduisantes conçues autour de l’œuvre de Conan Doyle.
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