Olivier Père

Les Malheurs d’Alfred de Pierre Richard

ARTE diffuse Les Malheurs d’Alfred (1972) de Pierre Richard dimanche 13 décembre à 20h50, après avoir programmé Le Distrait et Le Jouet en août 2014 à l’occasion des 80 ans de l’acteur réalisateur français. Et La Cinémathèque française lui rendra hommage avec une rétrospective l’été prochain. L’humour de Pierre Richard s’inscrit dans la tradition d’un certain comique burlesque et poétique, à mi-chemin entre Danny Kaye et Jacques Tati, avec une orientation libertaire typique de la France de l’après Mai 68. Ses trois premiers films en tant que réalisateur, qui constituent la part la plus personnelle et inventive de son œuvre brocardent en effet le monde de la publicité (Le Distrait), de la télévision (Les Malheurs d’Alfred) et des marchands d’armes (Je sais rien, mais je dirai tout). A chaque fois Pierre Richard y interprète son personnage récurrent de doux rêveur gaffeur et lunatique dont les maladresses à répétition vont bousculer l’ordre établi et ridiculiser des figures du patriarcat et du patronat (tour à tour incarnées par Bernard Blier, Pierre Mondy ou Michel Bouquet). Dans Les malheurs d’Alfred on le retrouve dans la peau d’un architecte particulièrement malchanceux qui vient d’être quitté par l’amour de sa vie. Lors d’une tentative de suicide il rencontre une présentatrice télé (Anny Duperey), maîtresse malheureuse d’un odieux producteur d’émissions de divertissement (Pierre Mondy). S’engage alors une nouvelle romance contrariée qui conduira Alfred, bien décidé à conquérir le cœur de la belle, à participer à un jeu interrégional (parodie de « Intervilles »). Le film dans sa seconde partie se transforme en satire farfelue des jeux télévisés qui laisse la part belle aux gags visuels et corporels et à l’esprit de groupe : Pierre Richard est entouré d’une équipe de bras cassés sélectionnés pour leur incompétence, où l’on retrouve avec plaisir des voix et des visages familiers de la comédie française des années 70 comme Jean Carmet, Mario David ou Francis Lax. Les Malheurs d’Alfred est un véritable bonbon pop aux couleurs acidulées rythmé par les ritournelles de Vladimir Cosma, une pilule nostalgique et antidépressive, un remède contre la morosité ambiante.

On ne manquera pas d’apprécier dans ce mélange d’absurde, d’humour noir et de délire pataphysique la patte de l’artiste multi carte Roland Topor, ici coscénariste, dans l’une de ses premières contributions cinématographiques.

Pierre Richard a publié cette année son autobiographie, « Je sais rien, mais je dirai tout », sous forme d’un recueil de conversations avec Jérémie Imbert édité par Flammarion.

 

 

 

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