Le Grand Jeu de Nicolas Pariser sort le 16 décembre dans les salles, distribué par Bac Films. Autant dire tout de suite qu’il s’agit sans doute du meilleur premier long métrage français de l’année : un film dont le propos, l’ambition et la mise en scène le distinguent d’emblée de la production contemporaine, et trahissent une haute idée du cinéma. Nicolas Pariser, disciple de Rohmer, ancien assistant de Pierre Rissient et cinéphile émérite ose le classicisme et manie avec beaucoup de talent l’art de la litote, adoptant des partis-pris formels qui valorisent la parole, avec la création d’une ambiance fantomatique qui sollicite l’imagination du spectateur, et entrouvre des perspectives vertigineuses. Pariser refuse la confusion et a l’intelligence d’adopter une esthétique de la ligne claire pour nous conter cette ténébreuse affaire.
Cinq ans après avoir reçu le prix Jean-Vigo pour son court métrage La République – sur les coulisses d’une campagne électorale, Nicolas Pariser poursuit avec Le Grand Jeu l’exploration des arcanes du monde politique à travers la rencontre d’un jeune écrivain désabusé, Pierre (Melvil Poupaud) et d’un mystérieux homme d’influence, Joseph (André Dussollier), qui ourdit dans l’ombre une vengeance machiavélique. Sur fond de coups tordus et d’assassinats politiques, Le Grand Jeu est un thriller d’espionnage sur le pouvoir et l’engagement, entre Debord, Balzac et Conrad, formidablement interprété par deux acteurs au sommet de leur art (Clémence Poésy complète avec grâce et talent la distribution), à contrecourant des modes mais ancré dans une certaine tradition littéraire et cinématographique.
Nous avons eu envie de nous entretenir avec Nicolas Pariser et de lui poser quelques questions sur ce film très réussi et porteur de belles promesses. Coproduction ARTE France Cinéma, Le Grand Jeu est en lice pour le prix Louis-Delluc de la première œuvre.
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