Olivier Père

Le Couvent de la Bête sacrée de Norifumi Suzuki

Un cycle « Trash » dédiée aux femmes infernales s’ouvre en grande pompe sur ARTE avec la diffusion dans la nuit du jeudi 22 octobre à 0h20 du Couvent de la Bête sacrée (Seijû gakuen, 1974) de Norifumi Suzuki.

Satan habite des nonnes nippones et friponnes dans un film coupable d’outrage aux bonnes sœurs, aux bonnes mœurs et au bon goût. À réserver à un public très averti.

 

Afin d’enquêter sur le mystérieux suicide de sa mère, une nonne recluse, une jeune femme entre dans les ordres et découvre l’enfer sur terre. Attention ! Le Couvent de la bête sacrée est pour de nombreux spécialistes éclairés le film le plus grandiose, le plus blasphématoire et le plus outrageant du cinéma érotique japonais, pourtant peu frileux en matière de déviances sexuelles et d’esthétisme kitsch. Il faut ranger l’objet dans la sous-catégorie des « nunsploitation movies », soit des films sexy situés dans l’univers clos des couvents, avec des nonnes qui ont le feu aux fesses et cherche l’illumination mystique dans la caresse intime. On connaît mieux les avatars européens signés Walerian Borowczyk ou Jess Franco, mais le cinéma japonais « bis » a abondamment utilisé les structures sociales d’enfermement (couvents, prisons, pensionnats) comme décors à des critiques du totalitarisme ou de l’asservissement des femmes, mais aussi comme réservoirs à fantasmes sadomasochistes. Le réalisateur fou Norifumi Suzuki (à ne pas confondre avec Seijun) expert en « roman porno » de la Nikkatsu s’empare du genre en 1974 et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il refuse de se limiter aux timides attouchements saphiques d’usage, mettant en scène un torrent païen et psychédélique d’agonie et d’extase. Soit une messe noire cinématographique d’une heure trente qui évoque dans ses meilleurs moments les visions sous acide du Suspiria de Dario Argento – et dans ses pires le nanar catastrophe Nostradamus fin du monde an 2000 avec le recours contestable à des images d’archives crapuleuses… Le Couvent de la bête sacrée réussit à faire passer Les Diables de Ken Russell pour un modèle de dépouillement janséniste.

 

Le Couvent de la bête sacrée sera disponible en Replay sur ARTE+7.

 

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