Découvert à la Semaine de la Critique, Les Deux Amis de Louis Garrel sort en France le 23 septembre, distribué par Ad Vitam.
Vincent, figurant de cinéma, a rencontré Mona, vendeuse dans une sandwicherie de gare, et il est tombé fou amoureux d’elle. Mona repousse ses avances car elle a un secret, elle rentre tous les soirs dormir en prison. Comme Vincent est désarçonné pas les intentions de Mona, il demande à Abel, son seul ami, de l’aider à comprendre.
Les Deux Amis est le premier long métrage très réussi de Louis Garrel, acteur de cinéma et comédien de théâtre, déjà réalisateur d’une poignée de courts. C’est aussi une fable de La Fontaine qui écrivait, dans une autre fable (Parole de Socrate) « Ami, rien n’est plus commun que le nom, rien n’est plus rare que la chose. »
Même si La Fontaine est cité dans le film, c’est surtout Musset (Les Caprices de Marianne) dont s’inspirent librement Louis Garrel et son coscénariste Christophe Honoré. Cet argument de départ est loin de transformer Les Deux Amis en objet culturel guindé ou en film littéraire. C’est vers une forme joyeusement lyrique, contemporaine et parfois franchement foutraque que s’oriente Garrel dès les premières scènes, en alliant vitesse, humour et tendresse. « La beauté, ça complique tout » entend-on dans le film. C’est aussi quand les choses deviennent compliquées qu’elles sont belles semblent penser Garrel qui multiplie péripéties et rebondissements sentimentaux en seulement trois jours et trois nuits autour de trois personnages qui n’ont que leurs sentiments pour être heureux (un peu) et (beaucoup) souffrir.
Il y a surtout dans Les Deux Amis une justesse de chaque instant que l’on retrouve aussi bien dans les situations que dans le jeu, admirable, des trois comédiens principaux.
Golshifteh Farahani, sublime, n’a jamais été aussi bien filmée et dirigée. Pour une fois on ne contemple pas que sa photogénie, mais sa (belle) personne et la subtilité de son interprétation.
En 90 minutes Louis Garrel nous offre aussi, l’air de rien, une balade poétique et buissonnière à travers nos souvenirs du cinéma français. Contre toute attente il ne convoque pas exclusivement la Nouvelle Vague et ses héritiers mais plutôt Claude Sautet – pour le triangle amoureux et les ambiances parisiennes – et certaines comédies populaires reposant sur des duos masculins antagonistes, à la fois inséparables et mal assortis. Comme si César et Rosalie marchaient à l’ombre…
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