ARTE diffuse jeudi 27 août à 13h35 La Chevauchée fantastique (Stagecoach, 1939) de John Ford, dans le cadre de sa programmation cinéma de l’après-midi qui propose régulièrement des classiques hollywoodiens et des titres du patrimoine français.
La Chevauchée fantastique est le premier grand western parlant de John Ford et c’est aussi le film qui fera de John Wayne une star, Wayne ayant du attendre presque dix ans l’arrivée de la célébrité et se contenter de jouer dans de nombreuses séries B à la suite de l’échec commercial du pourtant génial La Piste des géants (The Big Trail, 1930) de Raoul Walsh censé lancer la carrière de vedette du jeune acteur.
John Ford – qui avait déjà employé l’acteur dans un tout petit rôle sur son dernier film muet La Maison du bourreau en 1928) offre à Wayne la plus belle entrée en scène qui soit, avec un plan inoubliable montrant son personnage Ringo de manière héroïque et triomphante, un travelling avant sur le jeune hors-la-loi debout avec sa selle et son fusil.
Wayne deviendra par la suite le comédien fétiche de Ford, qui l’emploiera dans une dizaine de films en lui confiant à chaque fois des rôles magnifiques et complexes.

Tous les personnages de La Chevauchée fantastique réunis dans un seul plan
Le scénario de Dudley Nichols partenaire régulier de Ford s’inspire de la nouvelle Stage to Lordsburg de Ernest Haycox mais aussi de Boule de suif de Guy de Maupassant. Le trajet semé d’embûches, avec la menace d’une attaque indienne, d’une diligence et de ses passagers permet à Ford de peindre une petite communauté humaine comme il les affectionne, montrant une tendresse particulière pour les parias et les excentriques (le truculent médecin, alcoolique et humaniste, joué par Thomas Mitchell) tandis que d’autres caractères déchainent sa verve anticonformiste, son mépris de la bigoterie de l’hypocrisie bourgeoises. Cette micro société est constituée d’archétypes qui partirent à la conquête de l’ouest sauvage, incarnés par des comédiens fabuleux. Au cœur de ce groupe il y a le personnage de Dallas (superbe Claire Trevor), jeune prostituée chassée de la ville par la « bonne société » puritaine et qui va révéler lors du voyage des trésors de courage et de bonté, malgré la discrimination dont elle est victime. Les autres passagers de la diligence seront jugés en fonction de leur sympathie envers Dallas. André Bazin a écrit au sujet de La Chevauchée fantastique « Dans l’univers épique du western, toutes les femmes sont bonnes, c’est l’homme qui est méchant. Si méchant que le meilleur doit, en quelque sorte, racheter par ses épreuves le péché originel de son sexe. » Ford a toujours exprimé son amour pour les personnages féminins forts et volontaires, jusqu’à son ultime long métrage Frontière chinoise.

Claire Trevor et Louise Platt dans La Chevauchée fantastique
Difficile de ne pas être ébloui et ému à chaque nouvelle vision de ce chef-d’œuvre, date importante dans l’histoire du cinéma – pour Ford et pour le western – mais avant tout leçon de mise en scène, leçon de morale et chanson de geste qui captive le spectateur du début à la fin, avec une maîtrise discrète et néanmoins géniale de la technique et de l’écriture cinématographiques.
La Chevauchée fantastique est disponible en Replay sur ARTE+7.
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