Olivier Père

Le Distrait de Pierre Richard

ARTE diffuse Le Distrait mercredi 13 août à 20h50, pour fêter les 80 ans de Pierre Richard.

Le Distrait (1970) est le premier film avec Pierre Richard en vedette, qu’il a lui-même réalisé (Pierre Richard sera l’auteur de sept longs métrages entre 1970 et 1997.) Après une série de petits rôles au cinéma et à la télévision, plus ou moins remarqués (on se souvient de sa performance aux côtés de Philippe Noiret dans Alexandre le bienheureux, succès de Yves Robert en 1968) le jeune acteur décide de prendre sa carrière en mains et de créer, devant et derrière la caméra, une nouvelle forme de comique qui tranche avec la production tricolore. C’est Yves Robert qui l’incite à assumer non seulement l’interprétation et le scénario (coécrit avec André Ruellan) mais aussi la mise en scène du Distrait, « distraitement inspiré » d’un caractère de La Bruyère. Yves Robert produira le film et y fera aussi une apparition (il joue le voisin ébahi de voir Pierre Richard s’installer dans son salon par distraction.)

Très influencé par les Américains Danny Kaye et Harpo Marx, doux rêveurs poétiques, Pierre Richard invente un personnage, immédiatement populaire, qui de film en film va se caractériser par sa distraction, sa timidité et sa maladresse, enchaînant les gags burlesques et acrobatiques, les situations absurdes, les malentendus embarrassants, sans pour autant déplaire aux femmes, séducteur malgré lui.

Dans Le Distrait Pierre Richard incarne Pierre Malaquet, un jeune homme maladroit et tête en l’air issu d’une grande famille bourgeoise (comme l’acteur réalisateur lui-même) que sa mère « pistonne » et fait engager dans une agence de publicité dirigée par Alexandre Guiton (Bernard Blier.) Véritable grain de sable – et poil à gratter – dans le monde parfaitement réglé de l’entreprise Malaquet se fait rapidement remarquer par ses retards, ses gaffes et ses excentricités et aussi par des idées saugrenues et un humour noir qu’il essaye d’imposer dans des campagnes de pub soit disant révolutionnaires mais qui horrifient ses employeurs…

Constitué de saynètes comiques désopilantes et réglées avec minutie (comme lorsque Malaquet reçoit la visite dans son bureau d’un client encore plus distrait que lui joué par Paul Preboist), Le Distrait est une sympathique satire des milieux de la publicité dont le ridicule, le cynisme et la vacuité sont soulignés, mais aussi de la bourgeoisie et du patronat, Pierre Richard donnant libre court à une pensée libertaire issue de l’après Mai 68, partagée par une grande partie de la jeunesse à cette époque en France.

Les trois premiers – et meilleurs – films réalisés par Pierre Richard (Le Distrait, Les Malheurs d’Alfred et Je sais rien, mais je dirai tout) sont en effet des charges contre l’autorité sous toutes ses formes (familiale, patronale, sociétale) qui dénoncent l’abrutissement des masses et se moquent respectivement de la publicité, de la télévision et des marchands d’armes, avec dans le premier et le troisième titres Bernard Blier dans le rôle immuable de la figure redoutée – et ridiculisée – du père / patron.

 

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