Olivier Père

Dracula de Francis Ford Coppola

Au début des années 90, décennie erratique pour le cinéaste qui continue à travailler à Hollywood sans retrouver l’indépendance et le succès commercial de l’après Parrain, Francis Ford Coppola tente une adaptation définitive de Bram Stoker et voit le vampire en médium. Son Dracula (Bram Stoker’s Dracula, 1992), diffusé ce soir sur ARTE à 20h50, assimile dans un élan syncrétique vampirisme et cinéma en établissant un parallélisme entre les métamorphoses successives du vampire et l’évolution des techniques de projection, du théâtre d’ombres chinoises aux effets spéciaux numériques. On retrouve cette volonté d’appréhension globale de toutes les formes de cinéma dans un torrent d’images, de tableaux vivants et une traversée du temps où chaque époque semble renvoyer à un cinéaste ou un courant cinématographique (mais aussi pictural et artistique), du pré cinéma à Akira Kurosawa, de Méliès à l’expressionnisme, de Klimt aux productions de la Hammer, de Murnau aux comics. Sans peur aucune du kitsch et de la surcharge décorative, Coppola signe un film passionnant par son ambition esthétique et son souci de fidélité au roman de Stoker, souvent malmené par les nombreuses adaptations plus ou moins pirates dont il fit l’objet à travers les âges et un peu partout dans le monde. Le versant fantastique et allégorique de l’œuvre de Francis Ford Coppola, davantage réputé pour ses fresques réalistes, s’épanouira lors de son retour inattendu au cinéma indépendant dans les années 2000, avec des films mêlant à l’expérimentation moderniste le goût du bricolage et des récits gothiques de ses débuts dans la série B.

Gary Oldman dans le rôle de Dracula

Gary Oldman dans le rôle de Dracula

Catégories : Sur ARTE

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