ARTE diffuse ce soir à 20h50 Le Nouveau Monde (The New World, 2005) de Terrence Malick, suivi à 23h de son premier long métrage La Balade sauvage (Badlands, 1974.)
Malick dans Le Nouveau Monde s’inspire de la vie de Pocahontas (« espiègle »), surnom donné à Mataoka, fille du grand chef qui régna sur toutes les tribus amérindiennes Powhatan au début du XVIIème siècle, belle jeune femme dont la destinée exceptionnelle donna lieu à de nombreuses légendes. Cependant, Malick choisira de ne jamais nommer à l’écran aucun des personnages amérindiens, y compris son héroïne.
En 1607, trois bateaux anglais accostent sur la côte orientale du continent nord-américain. Au nom de la Virginia Company (la côte sera vite baptisée « Virginie »), ils viennent établir un avant-poste économique, religieux et culturel sur ce qu’ils considèrent comme le Nouveau Monde.
Le capitaine Newport et ses colons britanniques souhaitent dans un premier temps instaurer une cohabitation pacifique avec les Indiens, mais des frictions entre les intrus et les natifs ne tardent pas à éclater.
John Smith, un officier de l’armée, mal noté par ses supérieurs à cause de son insubordination, part en reconnaissance et vit un temps dans une tribu indienne, apprenant les coutumes et les croyances de ses hôtes après avoir échappé à la mort grâce à l’intervention de Pocahontas. Une intense relation s’engage alors entre le soldat et la jeune femme.
Terrence Malick aborde le thème du choc des cultures, décrivant le monde des Indiens comme un paradis perdu, un âge d’or destiné à disparaître au contact des colonisateurs anglais. Le cinéaste capture des instants de grâce, qui sont ceux d’un peuple en parfaite communion avec la nature. Comme La Balade sauvage et Les Moissons du ciel, Le Nouveau Monde est l’histoire d’une rencontre et d’un amour aussi intenses qu’impossibles entre deux amants séparés par l’ordre social et le mouvement de l’histoire. Malick filme Pocahontas telle un fleur sauvage et libre qui se fanera précocement au contact de la civilisation occidentale, après son mariage avec un colon, sa conversion au Christianisme et son voyage en Angleterre.
Malick procède à une reconstitution minutieuse et très attentive à la réalité historique, évitant les effets spéciaux artifices cinématographiques habituels à ce type de films historiques à grand spectacle et tournant sur les lieux même de l’action. L’objectif est de créer une véritable symphonie visuelle. C’est le lyrisme panthéiste de ses images, sa mise en scène poétique qui font le prix de cette œuvre hors du commun dans le cinéma américain et le cinéma contemporain en général, Malick exprimant sans réserve une forme de mysticisme déjà présent dans son film précédent La Ligne rouge. Malick, amateur de voix-off, utilise souvent ce procédé dans Le Nouveau Monde qui contient très peu de scènes dialoguées, et en aura encore plus recours dans ses deux films suivants, The Tree of Life et A la merveille, ainsi que des plans de ciels en contre-plongée et en caméra subjective qui reviennent comme des leitmotive. Utilisation magistrale de la musique, notamment lors de l’arrivée des bateaux au son de « L’Or du Rhin » de Wagner, et le Concerto au piano n°23 de Mozart pour exprimer le bonheur de Pocahontas et son peuple, avant d’être chassés du paradis terrestre.
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