Olivier Père

Confessions d’un homme dangereux de George Clooney

Dans le cadre de sa programmation cinéma autour de la Berlinale ARTE diffuse demain soir à 20h50 Confessions d’un homme dangereux (Confessions of a Dangerous Mind, 2002) de George Clooney qui fut présenté en sélection officielle au Festival de Berlin en 2003. Chuck Barris (Sam Rockwell, image en tête de texte) est un homme sans qualité qui devient pourtant le héros d’une « success story » édifiante. Poussé par son arrivisme et son besoin de reconnaissance, il entame une carrière de producteur de télévision dans l’Amérique des années 70. On lui doit le concept de l’émission « tournez manège » et il invente la télévision poubelle avec des talk-shows de plus en plus cyniques et vulgaires qui attirent sur lui les foudres de la presse et de l’opinion publique. Maniaco-dépressif, Barris se retire du monde à un tournant de sa vie et écrit son autobiographie. Il y révèle son appartenance à la CIA. Recruté comme simple informateur, il devient au fil des contrats en Europe de l’Est un des tueurs les plus côtés des services secrets américains. Sa double identité, guignol médiatique et super espion, lui permet d’évacuer le stress des plateaux de télévision dans des missions pleine de sexe et de violence. Ce récit invraisemblable est présenté tout au long du film comme une histoire vraie et le scénario gigogne de Charlie Kaufman entretient constamment la confusion du spectateur. L’idée très drôle des aventures dignes de James Bond abordées comme une psychothérapie se double d’une satire de la société du spectacle. Le premier film de George Clooney réalisateur, dans la lignée de ceux de Steven Soderbergh et Spike Jonze, séduit par sa virtuosité scénaristique et sa brillance formelle. Il éveille en permanence notre curiosité et s’inscrit dans la lignée des entreprises mystificatrices qui prennent un malin plaisir à brouiller les pistes, comme Dans la peau de John Malkovich. Les autres films qu’il mettra en scène se révèleront plus conventionnels.

Georges Clooney et Sam Rockwell

George Clooney et Sam Rockwell

Il faut aussi accorder au bénéfice du film une certaine jubilation à mettre en scène son postulat délirant, parfois jusqu’au vertige, et la qualité de son interprétation, avec notamment Julia Roberts, Drew Barrymore, Rutger Hauer et Clooney lui-même dans des rôles secondaires.

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