ARTE diffuse l’excellent 12 Hommes en colère (12 Angry Men, 1957) ce soir à 20h45.
Un jury populaire condamne un accusé à la peine capitale à l’unanimité moins une voix. Le douzième juré va entreprendre de convaincre les onze autres de la validité de ses doutes. Premier film de Sidney Lumet, alors cinéaste issu de la télévision et du théâtre, 12 Hommes en colère l’impose d’emblée comme un spécialiste de la question judiciaire, un excellent directeur d’acteur et un amateur de tours de force cinématographiques (l’action se déroule en huis clos, presque entièrement dans la salle des jurés.) Lumet consacrera une série de films presque tous remarquables au fonctionnement et aux failles de la justice et des principales institutions américaines, avec un regard très documenté et critique. Un autre pan de sa filmographie s’intéressera à la psychologie et au comportement de groupes humains. Autant dire que 12 Hommes en colère contient les fondements de la part la plus exceptionnelle de l’œuvre de Lumet, éclectique, inégale et pléthorique mais qui possède des sommets impressionnants et des zones d’ombre encore à découvrir. Plaidoyer courageux contre la peine de mort et le racisme, le film est aussi une leçon de mise en scène d’un jeune cinéaste déjà rôdé aux conditions de tournages en direct, capable d’insuffler une tension de plus en plus insoutenable dans un drame en temps réel. Le sentiment de claustrophobie va crescendo, provoqué par l’utilisation d’objectifs de focales croissantes, au fur et à mesure de l’avancement du tournage, le film étant tourné dans l’ordre chronologique comme les dramatiques télévisuelles. Henry Fonda, le huitième juré (la plupart des personnages restent anonymes) d’un jury de douze hommes d’origines différentes (mais tous blancs, alors que l’accusé est un jeune latino-américain, soupçonné du meurtre de son père), domine l’interprétation, talonné de près par le formidable Lee J. Cobb, son plus farouche adversaire.
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