Olivier Père

ARTE France Cinéma coproduit les prochains films de Naomi Kawase, Céline Sciamma, Benoit Jacquot et Miguel Gomes

Le comité de sélection d’ARTE France Cinéma qui s’est réuni le 13 juin a décidé de soutenir quatre nouveaux projets : deux films français et deux coproductions internationales.

Bande de filles (Hold Up Films) sera le troisième long métrage de Céline Sciamma, après les très remarqués Naissance des pieuvres (2007) et Tomboy (2011). La jeune réalisatrice et scénariste s’intéresse de nouveau à des personnages adolescentes, cette fois-ci d’origine africaine, évoluant entre Paris et la banlieue. Marieme vit ses quinze ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec une bande de filles affranchies change tout. Elle embrasse les codes de la rue, la violence, l’amitié, pour vivre sa jeunesse.

Céline Sciamma trouve la hauteur juste pour parler de ses héroïnes, dans un récit à la fois romanesque, sentimental et politique, où l’énergie n’est jamais déployée au détriment de la mise en scène et de la dramaturgie.

3 Cœurs (Rectangle productions) de Benoit Jacquot (scénario de Julien Boivent et BJ) est un pur mélodrame dans la grande tradition des folles histoires d’amour du cinéma français et hollywoodien, passionnelles, empêchées et maladives. Le cinéaste des Adieux à la reine relève le défi de l’émotion et des sentiments exaltés, avec toujours l’élégance et la concision de l’écriture qui caractérise son cinéma.

Deux Fenêtres (Comme des Cinémas) de Naomi Kawase est une coproduction entre la France, l’Espagne et le Japon.

Fascinée par l’écosystème unique de l’île Amami Oshima, île subtropicale du Japon entourée d’abondants coraux d’où sa famille est originaire, Naomi Kawase explore le cycle de la vie, de la mort et de la reproduction à travers l’histoire de Ten, un garçon de quatorze ans et de son amie Kyoko.

Naomi Kawase (photographie en tête de texte, prise sur le bateau ARTE à Cannes cette année par Paul Blind) est l’auteure d’une œuvre importante du cinéma contemporain, dans laquelle les films de fiction, d’une grande poésie et d’une grande délicatesse (Suzaku, Caméra d’Or en 1997, Shara, La Forêt de Mogari…) côtoient les essais documentaires autobiographiques.

L’un des aspect primordiaux du travail de Naomi Kawase est celui de la communion de l’homme avec les éléments naturels comme l’eau, les végétaux et les animaux, héritée des croyances ancestrales nippones (Kawase est originaire de Nara, l’une des anciennes capitales du Japon féodal) où elle a tourné la plupart de ses films.)

On retrouve ce thème, ainsi que celui du deuil et de la frontière entre la vie et la mort dans Deux Fenêtres, projet d’inspiration chamanique (croyance dans les dieux de la nature), qui mêle sensualité et spiritualité.

« Je voudrais que les spectateurs se rendent compte que nous, les êtres humains, ne sommes pas au centre de toutes choses ; nous ne sommes qu’une partie du cycle de la nature. Il me faut construire une histoire qui mène à la conclusion que cet immense cycle dans lequel nous sommes contenus est d’essence divine. Notre âme est complexe, vague et imprévisible. J’espère, par cette histoire, voir mûrir l’homme au contact du dieu que l’on appelle « nature ». Que le temps du film puisse enrichir son âme. » (Naomi Kawase, extrait de sa note d’intention.)

Enfin, « last but not least », Les Mille et Une Nuits (Shellac sud) de Miguel Gomes sera le quatrième long métrage du jeune réalisateur portugais après La gueule que tu mérites (2004), Ce cher mois d’août (2008) et Tabou (2012). D’une ambition folle, d’une beauté et d’une inventivité sidérantes, cette nouvelle adaptation des célèbres contes orientaux imagine que Shéhérazade puise chaque nuit son inspiration dans la crise économique qui frappe de plein fouet le Portugal. Miguel Gomes a l’intention de parler de son pays aujourd’hui, d’enregistrer un désastre et d’en rendre au compte au travers d’une foule d’histoires tragiques, comiques, fantastiques, directement inspirées de la réalité factuelle vécue au Portugal sur une période de douze mois. « Des histoires avec des riches et des pauvres, des hommes puissants ou anonymes, des enfants et des vieux, des humains et des animaux. » (Miguel Gomes) Quand la fable rejoint notre société, dans un style et une approche à la fois modernes, archaïques, poétiques et journalistiques (avec des méthodes d’écriture et de tournage très originales), le projet de Gomes est exaltant.

Tout cela nous permet d’attendre, entre sérénité et impatience, quatre promesses de très beaux films, dont nous ne manquerons pas de vous donner des nouvelles au fur et à mesure de leur avancement.

 

 

 

 

 

 

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