ARTE diffuse ce soir à 20h50 La Maison du diable (The Haunting, 1963) de Robert Wise, dans le cadre d’un cycle sur les fantômes au cinéma. Ce classique du film de maison hantée doit sa célébrité à des effets sonores effrayants et un souci de crédibilité psychologique. Un scientifique réunit un groupe de volontaires dans un vieux manoir dans l’espoir d’observer la présence de fantômes. Parmi ces invités spéciaux, un sceptique, une mythomane refoulée et une lesbienne aux pouvoirs de médium. Au fil des heures, les tensions et les passions vont s’exacerber entre les participants de l’expérience. Aucun spectre ne leur rendra visite, mais l’atmosphère terrifiante qui règne dans la demeure va provoquer une série d’événements tragiques : crise de folie, suicide, accident mortel, … L’excellent technicien (qui fut aussi à plusieurs reprises un cinéaste inspiré) Robert Wise fonde le principe de sa mise en scène sur la suggestion et les effets sonores, beaucoup plus terrifiants que les trucages de l’époque ou les apparitions de spectres. Cet ancien monteur avait fait ses premiers pas de cinéaste sous l’égide de Val Lewton, le célèbre producteur de La Féline et d’une splendide série de films fantastiques qui dédaignait le Grand-Guignol au profit de la litote et de la poésie. La Maison du diable ne rivalise pas en beauté avec les chefs-d’œuvre du couple Tourneur / Lewton ou de Mark Robson des années 40, mais il marque, à l’orée du fantastique moderne (nous sommes en 1963) une date importante et connaîtra de nombreuses imitations. Il est hélas à parier que La Maison du diable perde une partie de son efficacité sur le petit écran, où les bruits lugubres, grincements et gémissements divers font généralement beaucoup moins peur que dans l’obscurité d’une salle de cinéma.
Le même soir à 22h40 ARTE diffusera dans le cadre du cycle sur les fantômes un film très différent de celui de Robert Wise : Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures
(Lung Boonmee Raluek Chat, 2012) d’Apichatpong Weerasethakul, Palme d’or à Cannes. Différent et néanmoins magnifique, bel exemple de cinéma hybride où des morts, fantômes aimés et pacifiques, viennent rendre visite aux vivants. Plus quelques créatures de la forêt, singes aux yeux phosphorescents et femme poisson qui finissent de rendre fascinante cette ode à la métamorphose, à la spiritualité et aux mondes parallèles.
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