Olivier Père

Lisa et le diable de Mario Bava

Lisa et le diable : La Maison de l'exorcisme (1974)

Lisa et le diable ou La Maison de l’exorcisme ? Les deux.

En 1973 Mario Bava réalise Lisa et le diable (Lisa e il diavolo), son titre le plus ambitieux dans lequel le cinéaste italien de la peur transforme une histoire de malédiction en un poème morbide et décadent. Deux ans plus tard il n’y a toujours personne pour acheter le film et le producteur Alfred Leone parvient à convaincre Bava de dénaturer son chef-d’œuvre en y ajoutant des scènes de possessions diaboliques copiées sur L’Exorciste, de modifier le montage et de filmer une nouvelle fin, afin de profiter du succès international du film de Friedkin. Lisa et le diable devient La Maison de l’exorcisme et se vend dans le monde entier. Le film, encore formidable bien qu’incompréhensible, est emblématique du combat entre l’art et le commerce dans l’enfer du cinéma bis. Dans sa version originale et intégrale, finalement visible en DVD, Lisa et le Diable est un film fantastique en forme d’art poétique dans lequel Bava rompt avec le scénario classique pour s’abandonner à une sombre rêverie traversée de paradoxes temporels, composant de sublimes images cramoisies d’où semblent jaillir les effluves des corps en décomposition. L’action est confinée dans une vieille demeure baroque dans laquelle trouve refuge un groupe de personnages antipathiques et pervers. Telly Savalas y interprète le diable dans des habits de domestique et les invités du château se révèlent être ses marionnettes. Comment ne pas reconnaître dans ce personnage malicieux le discret Mario Bava, maître d’ombres et de lumières qui filma comme personne la peur, la mort et la folie et se vengea d’acteurs trop nuls ou trop velléitaires en les transformant en pantins agités de pulsions violentes et dérisoires.

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