
Nana (2011)
Nana de Valérie Massadian est sorti hier 11 avril dans les salles françaises, après sa découverte en première mondiale dans la section « Cinéastes du présent » au Festival del film Locarno 2011 où il a remporté le prix de la meilleure œuvre (« Opera prima ») et son passage remarqué dans de nombreux festivals internationaux où il a obtenu plusieurs récompenses.

Nana (2011)
Ce fut l’une des plus belles révélations d’une riche édition locarnaise et nous nous réjouissons de l’accueil chaleureux que le film a ensuite reçu dans le monde entier, auprès de la presse et du public. Valérie Massadian a travaillé avec Nan Goldin. C’est au travers de la photographie qu’elle a d’abord abordé l’image, et notamment sous forme de projections diaporamas (The Link, Mary Go Round, Journal de Bord), exposés à Tokyo, à Londres, ou à Porto. Pour son premier film, elle a choisi une approche à la fois magique et concrète du cinéma en filmant la vie et surtout le regard d’une enfant, dans les marges de la société mais au cœur du monde : pari risqué et totalement réussi tant Nana est marqué du sceau de l’évidence.

Nana (2011)
Nana a quatre ans et vit dans une maison de pierres par delà la forêt. De retour de l’école, une fin d’après-midi, elle ne trouve plus dans la maison que le silence. Un voyage dans la nuit de son enfance. Le monde à sa hauteur. Nana – le film – n’est pas un documentaire. Nana – la petite fille – est un personnage de cinéma, interprété par la petite Kelyna Lecomte. Si elle s’inspire de la vie de sa jeune actrice et d’une réalité rurale souvent dure, Valérie Massadian n’oublie pas que le cinéma est avant tout transfiguration, création d’un monde rêvé qui plonge ses racines dans la vie. Son film participe à une « poétisation du réel » qui n’est pas si fréquente – voire absente – dans le cinéma français mais que l’on a déjà admiré chez le cinéma asiatique, portugais ou argentin. Sans beaucoup de moyens, mais avec un œil de cinéaste qui parvient à composer des plans d’une orgueilleuse beauté, Nana est la preuve précieuse que l’argent n’achète pas le talent, et que la liberté économique ne doit pas être l’ennemie de la rigueur artistique et morale, de la composition formelle. Avec une attention particulière au moindre détail et une intelligence indispensables pour filmer à hauteur d’enfant, Valérie Massadian réussit un film souvent bouleversant par les thèmes qu’il aborde – le danger, l’abandon, le dénuement, toujours magnifique par la grâce qui le porte. Et qu’il apporte.

Valérie Massadian, Pardo per la migliore opera prima, au Festival del film Locarno 2011
Laisser un commentaire