Olivier Père

Le Vilain Petit Canard de Garri Bardine

Le Vilain Petit Canard sort enfin dans les salles françaises aujourd’hui, grâce au distributeur KMBO, après sa présentation en première mondiale sur la Piazza Grande lors du 63ème Festival del film Locarno en 2010. Ce fur alors un honneur d’accueillir un grand maître du cinéma en la personne de Garri Bardine, génie de l’animation russe qui est l’auteur de nombreux classiques depuis son premier court métrage en 1976. Il commence une carrière de marionnettiste et d’acteur, notamment en postsynchronisation de films d’animation, puis passe à la réalisation au sein du studio Soyouzmoultfilm. En 1988 Bardine remporte la Palme d’or du court métrage au Festival de Cannes avec Ykrutasy (Fioritures). En 1991, il crée le studio Stayer. Il y signe ses titres les plus célèbres, Chucha (Choo-choo / La Nounou) en 1997 suivie de deux suites en 2002 et 2005, et d’autres films tous couverts de prix dans les festivals russes et internationaux. Bardine excelle pour donner vie aux objets les plus banals dans ses contes. Il perfectionne au fil des ans des techniques de fabrication et d’animation de marionnettes en pâte à modeler, avec des résultats d’une grâce et d’une poésie incomparables.

Le Vilain Petit Canard (2010)

Le Vilain Petit Canard (2010)

Le Vilain Petit Canard, l’aboutissement d’années de travail, premier long métrage de son auteur, est sans aucun doute le chef-d’œuvre de Bardine, un film à la portée universelle capable d’enchanter les enfants et séduire les adultes. Bardine adapte le conte d’Andersen, sur le mode de la comédie musicale, avec les compositions de Tchaïkovski comme « Le Lac des Cygnes ». L’oisillon disgracieux, noir et anormalement grand qui surgit un jour d’un œuf étranger va faire l’unanimité contre lui et révéler la méchanceté et l’intolérance des habitants de la basse-cour, pétris d’autosatisfaction. Le Vilain Petit Canard est un éloge de la différence et de l’individualisme qui se peut se prêter à plusieurs interprétations historiques et politiques. Le film nous apprend surtout que la beauté de l’âme met parfois du temps à éclore, ce qui ne peut surprendre de la part d’un artiste solitaire qui a placé très haut les vertus de la patience et de la persévérance.

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