Tandis que le très attendu Mad Max : Fury Road fera sa première apparition hors compétition au Festival de Cannes avant de sortir juste après en salles le 14 mai, Warner en profite pour rééditer à partir du 6 mai en blu-ray à la vente les trois premiers films de la tétralogie futuriste et pétaradante imaginée par George Miller. Pour le plus grand plaisir des fans qui ont grandi avec ces chefs-d’œuvre (au moins pour les deux premiers titres) de la science-fiction et du cinéma d’action moderne, fleurons des multiplexes mais aussi des vidéoclubs et qui ont bercé l’adolescence de nombreux cinéphiles et cinéphages dans les années 80.
« Quand la violence s’empare du monde, priez pour qu’il soit là » clamait l’affiche française d’un obscur film australien réalisé par des inconnus et qui faillit être rebaptisé « Matière hurlante » en France, sans doute en clin d’œil au magazine de bande dessinée « Metal Hurlant » , référence des amateurs de SF et de contre-culture rock.
Dans un futur proche (aujourd’hui derrière nous), un flic de la route venge son collègue et sa famille massacrés par un gang motorisé. Réalisé en 1979 par George Miller, en plein essor du cinéma australien et de l’ozploitation, Mad Max (photo en tête de texte) fut victime de la censure giscardienne et classé X pour extrême violence, et soupçonné de fascisme, avant d’être « libéré » par le ministre de la culture socialiste Jack Lang. Sa sortie dans les salles françaises eut l’effet d’une bombe à retardement, sans compter son triomphe en VHS. Cette vision terrifiante d’un monde assailli par la barbarie, entre Orange mécanique et les films d’autodéfense, ne peut être assimilé à un fantasme sécuritaire et charrie de nombreuses allusions shakespeariennes, les mains dans le cambouis et le nez dans l’essence. L’ambiguïté morale et émotionnelle de son héros aux traits juvéniles et bardé de cuir (le débutant Mel Gibson) est soulignée par un fétichisme vestimentaire et mécanique très homosexuel, proche du Scorpio Rising de Kenneth Anger, mixé à un sens du cadre en écran large, du montage et de l’espace qui n’ont rien à envier à John Carpenter, Sergio Leone ou Sam Peckinpah.
Un choc qui allait être prolongé par une suite encore plus spectaculaire et iconique, toujours mise en scène par Miller. Mad Max 2, le défi (The Road Warrior, 1981) plonge son héros dans un univers apocalyptique où l’essence est devenue l’objet de luttes entre hordes de survivants. Le film intensifie la cadence des poursuites automobiles qui avaient fait la réputation du premier opus pour déboucher sur une forme de grand huit cinématographique jouissif et décapant. L’accoutrement carnavalesque des méchants évoque le western italien et l’heroic fantasy, tandis que la succession presque ininterrompue de scènes d’action fit de Mad Max 2 un des films de science-fiction les plus originaux (et imités) des années 80, avec un Mel Gibson de plus en plus charismatique en route pour la gloire. Nous avouons n’avoir jamais vu Mad Max au-delà du dôme du Tonnerre (Mad Max Beyond Thunderdome, 1985), inquiété par la tournure hollywoodienne que prenait les aventures de notre guerrier de la route préféré. Secondé par un coréalisateur pour les cascades (?) Miller semblait y délaisser le nihilisme et la violence pour l’aventure familiale, avec un Mel Gibson christique et chevelu dans un désert de sable entouré d’une bande de moutards au lieu des motards habituels. Et puis il y avait Tina Turner au look atroce en méchante… Le résultat dépita les fans de la première heure. Séance de rattrapage en vue en attendant Mad Max : Fury Road.
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