Olivier Père

The Myth of the American Sleepover de David Robert Mitchell

Metropolitan Filmexport propose cette semaine en DVD à la vente un premier film américain inédit en salles mais découvert à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes en 2010, The Myth of the American Sleepover, sous-titré chez nous par une traduction approximative « la légende des soirées pyjamas. » Nous avons vu et aimé ce film avec quatre ans de retard et après le second long métrage deDavid Robert Mitchell, également présenté à la Semaine de la Critique cette année, It Follows, beau coup double qui laisserait penser que nous avons affaire à un jeune cinéaste à suivre. Dans le dossier de presse David Robert Mitchell cite François Truffaut comme la principale influence pour son premier film, sans doute parce que le cinéaste a préféré employer des jeunes acteurs non professionnels ou n’ayant pas vraiment d’expérience devant la caméra pour interpréter les adolescents de The Myth of the American Sleepover. Cette référence européenne et cette approche sensible et anti caricaturale éloignent d’emblée son film du tout venant de la mode des « teen movies » contemporains engendré par le succès du sympathique mais surfait SuperGrave – auquel on préfèrera le moins connu Adventureland du même Greg Mottola, réalisé deux ans plus tard et resté hélas inédit en salles en France, comme The Myth of the American Sleepover d’ailleurs.Devant le film de David Robert Mitchell, davantage qu’à L’Argent de poche on pense surtout à American Graffiti de Georges Lucas, avec cette façon d’entrelacer plusieurs trajectoires de jeunes garçons et filles et quête de fêtes et de rencontres amoureuses, le temps d’un dernier week-end de vacances d’été. Ils s’appellent Maggie, Rob, Claudia et Scott. Les quatre adolescents espèrent trouver le grand frisson : celui des premiers baisers, premiers désirs et premières amours. Leurs chemins se croisent comme les rues de la banlieue ordinaire de Détroit où ils habitent. Entre fêtes, flirts et serments d’amitié, naissent des instants pleins de promesses et d’expérience qui marqueront la jeunesse de ces presque adultes à jamais. Sur un argument banal et régulièrement visité par le cinéma américain David Robert Mitchell signe un film surprenant par son atmosphère mélancolique et sa stylisation élégante, avec un travail remarquable sur les espaces anonymes des banlieues et campus du Michigan, que le cinéaste réinvestira dans It Follows avec une belle constance, y ajoutant des signes dévastées de la crise et de la mort qui rôde. The Myth of the American Sleepover parle de la naissance du désir, du fardeau de la virginité et des rapprochements maladroits, timides et fascinés entre garçons et filles engagés dans une ronde nocturne. L’atmosphère à la lisière du fantastique préfigure la plongée dans l’horreur de It Follows, avec cet étrange comportement déambulatoire et atone des jeunes ados, leurs pulsions scopiques et leurs fixations (la recherche des deux sœurs jumelles.) The Myth of the American Sleepover avec son ambiance suspendue et ses corps errants n’était peut-être pas encore un film de zombies, mais déjà un film vaudou.

sur It Follows, on peut lire

https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2014/05/19/cannes-2014-day-6-it-follows-de-david-robert-mitchell-semaine-de-la-critique/

 

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