La peur

Un soir, dans une ville allemande, Irene Wagner, une femme mariée à un éminent scientifique, rencontre en secret Erich Baumann, son amant et jeune musicien de renom, pour lui signifier qu’elle souhaite mettre un terme à leur liaison adultère. De retour chez elle, une inconnue nommée Johanna Schultze l’aborde sans ménagement. Ancienne petite amie d’Erich, Johanna l’accuse de lui avoir dérobé l’amour de sa vie et réclame compensation. Embarrassée, redoutant que son mari ne découvre sa liaison, Irene consent à recevoir la jeune femme dans l’usine qu’elle dirige. Johanna débute alors un dangereux chantage, tandis que chez Irene, la peur s’installe…

Montée d’angoisse
Dernier des cinq films du couple Roberto Rossellini-Ingrid Bergman, inspiré d’une nouvelle de Stefan Zweig, La peur décrypte de manière clinique les sentiments de crainte et de culpabilité qui rongent la solide femme d’affaires Irene Wagner, victime d’une maître-chanteuse. Mais qui trompe qui dans cet univers policé de la bourgeoisie allemande ? D’une grande force esthétique avec sa mise en scène épurée et son magnifique noir et blanc, le film interroge notamment les valeurs du couple et de la famille. Dans une atmosphère oppressante, en lieux clos, Ingrid Bergman, au visage cadré en gros plan, excelle dans le rôle de cette femme ambiguë, désemparée, dont les failles intimes se laissent découvrir à mesure que l’angoisse et la peur la suffoquent. Tourné avec plusieurs fins différentes, certaines plus pessimistes que d’autres, selon les versions distribuées en Allemagne et en Italie, La peur, en restituant au plus près les tourments d’une femme adultère, demeure une œuvre phare, d’une grande puissance émotionnelle.